samedi 17 novembre 2012

Le procès des recteurs

Procès d'animaux au Moyen Âge

LE PROCÈS DES RECTEURS

A-t-on bien compris le fond du problème soulevé par la grève étudiante du printemps 2012? Lorsque je regarde les décisions prises par le gouvernement Marois; lorsque j’entends des commentaires du «bon peuple»; lorsque je lis des pages éditoriales comme celles parues dans La Presse sous la signature d’Yves Boisvert le 14 novembre 2012, j’en doute. Ainsi, j’en réfère à la conclusion de ce commentaire plutôt faiblard : «On comprend bien le problème du gouvernement Marois. Il est mathématique. Le gel des droits est maintenu; les améliorations substantielles annoncées pour compenser la hausse (annulée) des droits sont maintenues; l'État québécois n'a pas les moyens d'augmenter les versements aux universités... Mieux vaut décréter qu'elles ont assez d'argent!». Après un long préliminaire où il trouve humiliant que les recteurs défilent devant l’ex-collègue de la CLASSÉ, Gabriel Nadeau-Dubois, Léo Bureau-Blouin, élu député péquiste à 20 ans, M. Boisvert partage le martyre de ces recteurs lorsqu’il condamne la démarche du sommet mal baptisé de «Sommet sur l'éducation», qui ne concerne que l'enseignement supérieur de février 2013 : «Alors même si on nous assure que le gouvernement est prêt à "écouter l'ensemble des scénarios", les dés sont pipés. Ce sommet ne sera rien d'autre qu'un procès des recteurs». On comprend bien ainsi quel parti prend l’éditorialiste. Non pas celui de la réévaluation de la question étudiante au Québec et des institutions d’enseignement supérieur, mais le financement et rien que le financement et le mode de gestion des universités. S’il déplore qu’«on aura seulement mis les grandes universités francophones d'Amérique dans une position de moins en moins concurrentielle», il ajoute à cela un scénario d’un machiavélisme sournois qu’il prêtre aux intentions du gouvernement péquiste : «Pour leur donner moins d'argent, il faudra commencer par les dénigrer. Ensuite, on institutionnalisera joyeusement le sous-financement qu'on aura nié. Comme si, au Québec, on devait se contenter de moins. Comme si la relative médiocrité qui en découlera était sans conséquence pour notre société».

Mais la médiocrité est déjà là. Elle n’est pas due à une question de financement des universités. D’où proviennent ces ingénieurs, ces techniciens, ces fonctionnaires, ces administrateurs qui étalent leurs corruptions devant la Commission Charbonneau? Pensez-vous que sortis des universités financées par des pachas du Pétrole, ils auraient été moins tentés par la corruption? Et ce docteur Porter, ami du futur chef du parti Libéral du Québec, le docteur Couillard, où a-t-il fait ses études? À l’U.Q.A.M.? À l’U. de M.? À Laval?

Arthur Thomas Porter IV (il n’y a pas que les Régimbald de la série Toute la vérité à avoir hérité des noms à numéro à la Thurston Howell III de Gilligan's Island),  a fait ses études universitaires au Sierra Leone et au Kenya en Afrique de l’Est, là où les députés noirs portant longues toges, pour l’avoir vu à un reportage télé dans les années 1980, imitant la «mère des Parlements», en pleine séance des Communes, se mirent à se battre à coups de perruques roulées. Grâce à l’argent amassé par sa dynastie, le docteur Porter a émigré à Cambridge, en Angleterre, pour obtenir un diplôme «sérieux» en anatomie. Puis il a reçu un M.B.A. de l’University of Tennessee et un certificat en administration de l’Université Harvard, puis de l’Université de Toronto. Proche de l’entourage de l’ex-président George W. Bush, le docteur Porter avait été appelé par l’Université McGill pour gérer le développement du nouvel hôpital universitaire anglophone de Montréal jusqu’à qu’on apprenne qu’il s’était servi - et bien servi - à travers les contrats de construction du bâtiment. Et notre Philippe Couillard, lui? Moins prestigieux, homme intelligent, grand lecteur, habile communicateur, sa formation se limite à l’Université de Montréal. Toutefois, de 1992 à 1996 il a participé à la fondation d'un service de neurochirurgie à Dhahran, en Arabie saoudite avant de revenir enseigner à la Faculté de médecine de l'Université de Sherbrooke. Évidemment, aller au pays du l'or noir inaugurer un centre prestigieux de neurochirurgie rapporte beaucoup, beaucoup d’argent. Surtout s’il peut soigner en plus les migraines d'un sheik et lui redresser le pénis pour satisfaire son harem. Morale de cette histoire? Ou bien l’on passe par Cambridge, Harvard, Toronto et on finit par venir faire de la corruption au Québec; ou bien l’on passe par l’Université de Montréal pour aller tripatouiller dans la cerveille d’un sheik multimilliardaire, pour devenir chef d'un parti politique constitué d'élus arrogants et malodorants. Est-ce une question de financement des unversités ou celle d'une «culture universitaire institutionnalisée», partout répandue dans le monde? Une culture qui se contente de «rouler» sur des publications produites en chaînes, financées par des gouvernements, des agences publiques ou privées et l'argent des étudiants afin de garantir au bout le meilleur emploi possible dans un monde dont la gestion a échappé depuis longtemps aux armées de fonctionnaires et de bureaucrates? Là est le problème. Là où M. Boisvert, qui a la peau sensible pour le tort fait aux recteurs, ne voit pas la profondeur du problème réel. À force de commenter sur tout et sur rien dans l’actualité, on finit par y perdre …non pas son latin, mais son intelligence.

L’argumentaire final de l’article est d’ailleurs démagogique : «Le nationalisme devrait pourtant animer la volonté de faire ici, en français, de la science et de l'enseignement supérieur qui demeurent de la plus haute qualité. Cela devrait être notre obsession». La qualité de l’enseignement ne se confond pas avec la qualité de la recherche. Le vieux dicton «un chercheur égale un professeur» ne va pas de soi et a parfois causé des effets regrettables dans la recherche comme dans l'enseignement universitaire. Depuis toujours, la misère des universitaires, qui sont souvent des individus inhibés affectivement ou émotionnellement, consiste à donner des cours, à confronter leur timidité à des classes de jeunes étudiants non encore complètement sortis de l'adolescence, alors qu'ils ne pensaient qu'à venir se cacher, comme ils le font depuis leur jeunesse pour échapper aux infortunes de la vie, dans les laboratoires et entre les rayons des bibliothèques, voire dans des bureaux fermés avec cédules de rendez-vous pour voir le moins de monde possible. Ce qui les obsède? Sûrement pas la volonté de faire des sciences «en français», car même en France, c’est l’anglais la langue d'usage courante des vecteurs scientifiques. Non, c’est leur «bibittes» intérieures, sublimées en postulats philosophiques, théoriques, pratiques, scientifiques, herméneutiques ou historiques qui les motivent. L’histoire du boson de Higgs en est un exemple éclairant. Un type, pendant des décennies, cherche à identifier une particule élémentaire qui n’était, jusqu’à tout récemment, hypothétique. Dans ce cas, il faut le reconnaître, l’obsession a su déplacer des montagnes (d’argent, de chercheurs, de techniciens, de financiers, etc.) pour en arriver à réaliser le rêve du professeur Higgs et de ses semblables. Ce n’est là pourtant qu’un exemple qui se dresse comme la pointe d’un iceberg au-dessus de millions de recherches qui ne débloqueront jamais sur rien de fondamental. Évidemment, la langue n’a joué aucun rôle dans l’histoire de la découverte du boson de Higgs et recourir à l’argumentaire démagogique du «en français s’il-vous-plaît» ne compte nullement dans le problème québécois du financement des universités. Et, point de chute de notre analyste : «Au lieu de ça, pour ne pas hausser les droits de scolarité, on accusera les universités. Triste spectacle en perspective».

Évidemment, je partage l’opinion de Yves Boisvert pour dire que tout cela est déplorable. La question universitaire est, en effet, expédiée par le gouvernement du Parti Québécois. Que des recteurs universitaires «comparaissent» devant Bureau-Blouin, c’est une leçon d’humilité qu'ils méritent. Non pas que la personne de Bureau-Blouin soit particulièrement brillante, c’est, à la manière de Justin Trudeau, un «blank» qui n’a rien de particulièrement génial à dire, qui ne comprend rien des véritables enjeux socio-éducatifs, qui fait le bellâtre devant des électeurs médusés, qui donne l’aspect à Pauline Marois d’être une «femme-cougar» et, malgré sa fréquentation d’aînés un peu mieux formés que lui, n’a rien appris du sérieux de la question. Mais quand même, c’est un étudiant universitaire (du moins le désire-t-il), innocent, facile à remplir de bons sentiments et de consent-suce, qui étale devant nous la fragilité de cette «clientèle» qui achète des cours comme M. Boisvert une auto. Ils magasinent, s’interrogent sur leurs goûts, leurs capacités à mener la démarche et la conduite jusqu’à son terme, restent indécis, se font fourrer par les petits caractères au bas du contrat et finissent par l’acheter, quitte à s’en départir après un ou deux ans de route. Cette réalité fait, dans le fond, l'affaire des recteurs, des milieux d’affaires, de l’État et de la simplicité d’esprit d'une population naïve qui pense encore que s'instruire c'est s'enrichir (monétairement) et qui sort avec un diplôme à un emploi bien rémunéré dans sa poche d’étudiant.

Ce n’est qu’après tout cela que la question du financement des universités entre en jeu. Voilà pourquoi il fallait de véritables États-généraux sur l’Éducation, plus longuement préparés, mieux développés que ce Sommet jeté en vitesse. Il fallait prendre la question au sérieux, quitte à recommencer l’exercice de la Commission Parent. Pas une commission Bouchard-Taylor sur les arrangements universitaires qui permettront à une série de revendicateurs souvent loufoques de défiler devant des ministres, des députés, des élus de l’opposition, pour canaliser le cash-flow universitaire : «résultat net + dotations nettes aux amortissements et aux provisions sur actifs immobilisés - plus-values de cession d'actifs + moins-values de cession d'actifs - variation du besoin en fonds de roulement = Flux de trésorerie d'exploitation». C'est l'université-entrepreneuriale à l'exemple de toutes les autres entreprises. Il lui faut un capital de départ dû aux perceptions des frais de scolarité, auxquels s’ajoutent des amortissements et des provisions ajoutés par l’État (moins les pertes dues aux coûts de rendement; moins de personnels, diminution de l'entretien des bâtiments et de l’équipement, etc.), le tout donnant le rapport financier de l’institution où le passif revient à l'Université et l'actif aux entreprises et à l'État qui bénéficieront des rendements de la recherche. Cette emprise du capitalisme libéral, non tant sur le contenu, la recherche ou les publications des universités que sur le management et les objectifs dans la concurrence internationale, font abstraction de la définition de base qui donne à l’université sa raison d’être. Là où l'esprit se fait universel et échappe aux contingences utilitaires. Cela, ni le ministre de l’éducation supérieure, Pierre Duchesne, ni Léo Bureau-Blouin, ne saisissent autrement que sur le plan de l’«idéalisme» verbeux cette position, et par le fait même l'écartent. En ce sens, oui, le Sommet de février sera une grosse farce visant à enterrer une fois pour toutes le conflit du printemps 2012, et il entérinera une décision mi-figue mi-raisin, c’est-à-dire une indexation au «coût de la vie» des frais de scolarité et un léger financement qui obligera les recteurs à une gestion serrée afin de limiter les pertes du cash flow institutionnel - moins dans le rendement de l’institution que dans les dépenses extraordinaires de l’administration qui envoient les recteurs des universités faire les putes de luxe partout dans le monde pour s’attirer des «associations», des «coopérations» interuniversitaires dans divers secteurs de recherches, des «réceptions somptueuses» pour les honoris causæ et, bien entendue, les frais de publicité tant décriés par les étudiants en révolte qui affichent les meilleures universités comme les meilleurs bordels de la ville dans un guide Michelin.

Soyons sérieux, à la différence de M. Boisvert. Oui, le Sommet est une farce, une farce péquiste qui répond à l’arrogance de la gestion des universités sous le gouvernement libéral. En écartant Gérald Larose du rectorat de l’Université du Québec à Montréal, le comité de sélection avait trop en tête le coup fourré par cet autre marxiste, Roch Denis, qui l’avait précédé à ce poste, et qui nous a valu l’îlot Voyageur et la dette faramineuse de l’université, ce qui n’a pas empêché l’université de le congédier en lui donnant le bonus «auquel il avait droit», comme si nous n'avions droit, en tant que population, à voir notre argent gaspillé par des ti-counes idéologiques qui se prennent pour «l’esprit» des Québécois!

Je l’ai écrit et je le répète, il n’y a pas cinquante solutions pour venir à bout de la réforme des institutions universitaires au Québec.

1º Diminuer le nombre d’institutions ayant statut d’université au Québec.

2º Séparer les écoles de formations techniques des universités, les localiser dans les milieux où ils sont les mieux placés pour être fonctionnelles et en confier le financement essentiellement aux entreprises privées dans le secteur où elles sont engagées dans la production économique.

3º Ramener l’université à sa définition d’institution culturelle, civilisationnelle, axée sur l’étude des connaissances «gratuites», des «savoirs inutiles», de la formation de l'esprit critique et des humanités. Les universités ne sont pas là pour former des opérateurs de métro ou des ingénieurs en aéronautique.

4º Le savoir universitaire est un savoir «autre», qui appartient à la qualité même de l’humain, alors que la formation technicienne relève de l’espèce, de l’animalité. Comme les fourmis et les termittes creusent leurs galleries, les abeilles érigent leurs ruches, les castors dressent leurs barrages, des oiseaux ou des animaux marins organisent des stratégies de combats, les écoles techniques (Polytechniques, Centres de recherches médicales, etc.) donnent des diplômes universitaires à des techniciens qui ne retiennent rien de cet «esprit» une fois rendus sur le divin «marché du travail». Autant dire que leur attribuer un «Philosophiæ doctorat» est carrément une fraude - une de plus! -, et que nous en voyons les effets avec l’insouciance et l’indifférence de ces diplômés qui défilent à la queue leu leu devant la commissaire Charbonneau. Qui aura, un jour, un viaduc effondré sur son expérience? Qui aura une catastrophe environnementale sur son c.v.? etc.

5º Ne pas faire de l’université un milieu de vie qui accueille tout et chacun au nom d’un «droit démocratique». Il faut revenir à une conception élitiste (mais non privilégiée) de l’accès à l’université. Ce n’est pas un droit universel qui se confond avec le droit à l’éducation. Il faut montrer de réelles prédispositions à entrer à l’université, être capables de relever le défi des examens, et voilà pourquoi elle ne peut compter qu’essentiellement sur l’État pour son financement alors que les écoles techniques doivent s’appuyer essentiellement sur les entreprises et les producteurs capitalistes qui bénéficieront les premiers des revenus des futurs diplômés de ces institutions.

Évidemment, nous nous retrouvons avec un Sommet bidon pour des raisons faciles à comprendre.

1º L’anti-intellectualisme nord-américain des Québécois.

2º Dégager le gouvernement minoritaire d’une crise qu’il ne faut pas réveiller.

3º Jouer sur la démagogie des participants : autant d’un Bureau-Blouin insignifiant que d’un Guy Breton, recteur de l’Université de Montréal - un p’tit-christ qui appelle la police parce qu’il n’a pas de couilles dans ses pantalons pas plus qu’il n’a de cervelle dans sa boîte crânienne (sauf le geste automatique qui le conduit à vérifier si sa paie a été déposée dans son compte en banque).

4º Parier que le désir cupide des étudiants majoritaires, plutôt isothymiques (liés par une vision commerciale du centre-d’achat universitaire dans laquelle la reconnaissance de notes et la diplômation sont la garantie, cash & carry, d'un emploi lucratif), l’emportera sur les étudiants mégalothymiques qui voudraient activer le réformisme vers un authentique changement de l’esprit et de l’ordre des institutions universitaires quels qu'ils soient.

5º Enfin, quels que soient les résultats du Sommet, lorsque les Libéraux et les caquistes reviendront ou prendront le pouvoir, les liens incestueux entre les politiciens et les dirigeants universitaires se rétabliront alors. Le clientélisme réel des universités ne sont pas les étudiants (ceux qui paient) tant que les entreprises privées, commerciales, industrielles ou de services professionnels et …l’État. Eux veulent moins payer, donc augmenter les frais de scolarité des utilisateurs/payeurs ou plus simplement, des «consommateurs» de programmes universitaires et de diplômes. Dans la mentalité néo-libérale, la chose est évidente, aussi évidente que Mickey Mouse dans la Passion.


Oui, cela est triste, et l’ineptie de la réflexion de M. Boisvert fait déjà partie du «spectacle en perspective» qui ne battra jamais les cotes d'écoute de la Commission Charbonneau, aussi bien dire que celle-ci dissimulera celui-là⌛
Montréal
17 novembre 2012

8 commentaires:

  1. Réponses
    1. Malheureusement, la version que j'ai publié, à cause d'un ennui informatique, n'était pas encore prête. Cette fois-ci, je peux te garantir de renouveler ton «plaisir» avec une meilleure version, corrigée. Merci ;-)

      Supprimer
  2. Vaste sujet encore une fois.
    Le recteur Corbo a au moins eû la sagesse de ne pas faire appel à l'anti-émeute contrairement à ce sacré Breton. D'ailleur Legault a dit en campagne électorale que s'il était premier ministre il convoquerait le recteur Corbo pour qu'il se justifie...
    Daniel

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Corbo a une longue expérience de la gestion universitaire et des conflits avec les étudiants. Breton, c'est un pistonné libéral qui était là pour faire monter la valeur des propriétés d'Outremont en faisant installer le Centre universitaire hospitalier (CHUM) sur le site désaffecté de la gare d'Outremont. C'est le M. Pipi de l'U. de M. qui vérifie chaque soir les urinoirs pour voir si un étudiant n'aurait pas laisser tomber un 25¢ par mégarde dans le jus jaunâtre de la pensée comptable de la gestion universitaire.

      Supprimer
  3. Le problème de la multiplication et de la redondance des programmes universitaires est criant. Mais sur le fond des choses ¸a ne semble être un problème que pour un seul acteur qui ne veut pas s'en soucier : l'État payeur. J,ai des exemples de cela en me limitant au seul domaine qui est le mien; celui de l'aménagement. L''université de Montréal offre un doctorat en géographie et un doctorat parent en Aménagement. L'INRS-Urbanisation qui n'avait qu'un programme de maîtrise a bien entendu créée un doctorat en Études urbaines. Il y avait au département de géographie de l'université Laval un doctorat. Il y avait aussi dans la faculté d'aménagement de la même université une maîtrise et maintenant ces gens offrent un doctorat en aménagement. Il y avait à Rimouski et à Chicoutimi des maîtrises en Études régionales et bien maintenant ces universités offrent des doctorats en Études régionales. Il me semble que Sherbrooke offre également depuis peu un doctorat en aménagement ou quelque chose du genre.
    Les université et leurs facultés veulent grossir et se doter des éléments de prestige relatifs au monde universitaire. Comme dans le fond des petites grenouilles qui enflent pour devenir plus grosses que leurs voisines. Pendant toutes ces années d'enflure des programmes universitaires, le ministère de l'Éducation qui devrait être le gardien du bien commun a laissé aller cette enflure. Maintenant sauf acte courageux d'un ministre de l'éducation qui courrerait après le trouble, ces programmes sont là pour rester. Ce qui existe déjà a une grande force d'inertie...
    Daniel

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il est normal qu'une université, une fois créée, pense à se développer, à multiplier ses programmes, à faire reconnaître sa diplômation, etc. Elles sont en compétitions les unes avec les autres, d'où ces panneaux publicitaires qui invitent «à venir étudier à…» Le problème, est que nous n'avons pas la démographie pour soutenir financièrement tous ces départements concurrents. De même que pour les universités, la seule vraie compétition est internationale.

      Entre tous les besoins de la collectivité, les dépenses de l'État sont monopolisées par d'autres attentes que celles du milieu universitaire qui ne sensibilise personne. Personne ne veut financer les universités et au premier rang, ceux qui en bénéficient le plus par les apports pratiques ou commerciaux de la recherche. Je parle, évidemment, des entreprises privées qui veulent récolter sans semer. Je parle de la population qui peut bien se déguiser en Schtroumpfs bleus pour un amphithéâtre mais qui ne le ferait jamais pour l'Université Laval (sauf ses joueurs de football), tant elle est anti-intellectuelle. Je parle de l'État qui veut bien briller dans le sport mais pas dans la pensée. Enfin, je parle des étudiants, déchirés entre les sollicitations commerciales et le coût croissant des études pour un pouvoir d'achat qui ne peut, sauf exception, gérer tant de dépenses.

      Autant de lieux de «haut-savoir» devenus petits paniers de crabes à s'accrocher à la fois aux flancs de l'État et aux bourses des individus. Plutôt que de créer des «partenariats» dans la recherche, concentrons les centres, les départements, diversifions dans les centres mêmes plutôt que dans la multiplication de ceux-ci. Ça ne crée pas plus d'emplois pour les enseignants ni les chercheurs car cette dispersion vit de faibles revenus pour chacune de ses parties. La compétition ne stimule rien sinon que la pauvreté. Comme des petites mairies ces départements sont devenus des petites «chasse gardée» où s'installent des tyranneaux plus que de véritables chercheurs honnêtes et désintéressés. La pensée unique se fragmente, se multiplie sur elle-même et les projets de recherches ne dépassent pas le niveau du projet. L'affaire Larose en est un exemple. Mais un parmi d'autres. À force d'y croire, on pense qu'il existe, qu'il fonctionne. Une mythomanie universitaire s'installe.

      Supprimer
  4. Dans le cas du désastre de l'Îlot Voyageur, devenu une sorte de monument à l'incompétence crasse, Pierre Reid (ex-recteur de l'Université de Sherbrooke)a laissé passer le ballon, alors que c'était justement son boulot en tant que ministre de l'éducation de jouer les chiens de garde du gros bon sens. Je me souviens du discours lénifiant de Roch Denis sur l'indépendance des universités lors de l'annonce de ce projet; un rêve de ti-counne plutôt qu'une réalité.
    Daniel

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Votre exemple confirme combien les rectorats universitaires et les promotions politiques vont main dans la main. Ce qui laisse soupçonner que «le procès des recteurs» sera celui des recteurs LIBÉRAUX par un gouvernement péquiste en espérant nettoyer les places pour y placer des recteurs PÉQUISTES. Yves Boisvert ne l'ignore sûrement pas, mais voilà que la chose lui échappe et parle de la fierté d'une éducation nationale universitaire «en français s'il-vous-plaît». Il y a de ces omissions qui frôlent la désinformation.

      Supprimer