lundi 18 février 2013

Jean-Jacques Samson et la Barbarie journalistique

Jean-Jacques Samson, la barbarie journalistique du Journal de Montréal
JEAN-JACQUES SAMSON ET LA BARBARIE JOURNALISTIQUE

L'image que je me faisais des «sauvages» dans mon enfance était celle qui ornait la couverture de mon second album d'Histoire du Canada de Guy Laviolette. Comme vous pouvez le voir par vous-mêmes, le «Sauvage» tourne son regard vers nous, enfant-lecteur. Un regard menaçant par-dessus une épaule; regard sournois, impitoyable. Avec ses frères, il regarde passer un innocent petit navire d'explorateurs français qui remonte le Saint-Laurent. Depuis, l'étude de l'histoire et de l'anthropologie m'a appris à identifier le «sauvage» comme quelqu'un qui refuse la civilisation. La civilisation occidentale sans doute pour les autochtones du Canada, mais la Civilisation aussi comme principe, c'est-à-dire la vie sédentaire, établie dans l'enceinte d'un village, d'une ville, avec des règles «écrites», des «lois» conventionnelles auxquelles tous se soumettent et consacrées par le sentiment religieux, malheureusement institué en systèmes cléricaux. Comme cette idiote du Parti libéral, Julie Boulay, ex-ministre dans le cabinet Charest se l'est fait rappeler par le président de l'Assemblée nationale du Québec, en février 2013, le terme de «sauvage», pour sa connotation péjorative, ne peut plus être employé dans l'enceinte de l'auguste assemblée. Mais il est vrai que le terme de «sauvage», avec ce qu'il contient de stéréotypes négatifs, est une invention de civilisés. Ce mot désigne ceux qui se tiennent en dehors de l'enceinte, qui menacent de la détruire lorsqu'ils sont mauvais - comme les «sauvages» de Guy Laviolette -, ou qui s'en éloignent dans le but de conserver leur «bonté naturelle» - comme se l'imaginait l'anthropologie du Siècle des Lumières : le «Candide» de Voltaire, le «Bon Sauvage» de Rousseau.

Au niveau secondaire, un nouveau mot apparaissait, le barbare, version française d'un vieux mot grec qui servait à ridiculiser ceux qui ne parlaient par la langue grecque et qui est resté depuis rattaché aux Berbères. Il y eut les «invasions barbares», plus proprement appelées, les «invasions germaniques» par de vieux historiens comme Ferdinand Lot. Mais la figure du barbare par excellence était celle d'Attila, roi des Huns. Qui étaient les Huns, une tribu nomade turque semble-t-il, indo-européenne tout certainement qui, quittant les steppes de l'Asie centrale est passée d'abord par Pékin, capitale de l'empire chinois qu'elle mit à sac, avant de revenir vers l'ouest, jusqu'à pénétrer dans l'Europe de l'Est, poussant devant elle d'autres tribus germaines ou hongro-finnoise non encore sédentarisées. Leur approche affola les Romains au point que l'empereur, Valentinien III, envoya une délégation dirigée par le pape Léon Ier. La mythologie chrétienne, dans le désarroi de l'Empire romain d'Occident, attribua au pape un rôle décisif dans le fait qu'Attila s'écarta de Rome pour aller se faire tuer ailleurs. Mais ces habiles conquérants, toujours à la recherche de combats, durent plutôt dédaigner une ville qui envoyait une délégation pour témoigner de sa frayeur. Aussi, «le fléau de Dieu» dut considérer tout cela avec un œil méprisant. L'anthropologie fait une distinction entre le «barbare» et le «sauvage». Le barbare détruit la civilisation pour mieux se l'approprier, se fondre en elle, en récupérer ce qui lui convient le mieux. Ainsi, Ostrogoths, Wisigoths, Francs, Saxons, etc. se heurtèrent à la civilisation hellénique. Sans doute détruisirent-ils beaucoup, mais ils conservèrent avec le même appétit. Finalement, ils s'assimilèrent aux peuples hellénisés et formèrent la racine des peuples français, espagnols, italiens, portugais, grecs, etc.

Dans les années 1980, un livre au titre ambivalent de Jean-Christophe Ruffin, L'empire et les nouveaux barbares, présentait l'Occident comme envahi par les peuples migrants provenant des anciennes colonies. Cet ouvrage, qu'on pourrait classer parmi les millénarismes apocalyptiques, se voulait une étude sociologique et philosophique. Il appela plus tard un ouvrage aussi célèbre que Le choc des civilisations de Huntingdon et, après 2001, toute une bibliographie de la même eau. Si on s'en tient au modèle de l'angoisse paranoïde de la civilisation occidentale, sa «morale de garnison», nous devons reconnaître que si ces gens qui partent de partout dans le monde, viennent pour profiter des gadgets technologiques et s'assurer une vie meilleure en terres libres, ils partagent souvent un mépris affiché pour les mœurs occidentales. En cela, comme les barbares de jadis, ils opèrent un tri entre ce qu'ils veulent et ce qu'ils rejettent. Mais ce qu'ils veulent finit toujours par leur faire accepter ce qu'ils rejetaient dans un premier élan de dégoût et de gêne. Finalement, comme par le passé, le métissage s'opère et une nouvelle civilisation, peut-on dire, se forme sous nos yeux. Ce nouveau prolétariat extérieur s'accroît à un rythme élevé dans le creuset occidental. Mais il y a aussi des barbares issus de la civilisation même, le prolétariat interne. À la fin de la civilisation hellénique, ce rôle fut tenu par les chrétiens qui détruisirent autant, sinon plus que les envahisseurs étrangers, l'héritage gréco-romain. Ils le firent par fanatisme (comme à Alexandrie), s'approprièrent les emblèmes impériaux (par le clergé romain), brûlèrent les livres des sophistes et des néo-platoniciens afin de ne laisser la place qu'à la patristique en voie d'élaboration, un métissage de judaïsme issu des Évangiles et de platonisme abstrait auxquels s'ajoutait une rhétorique cicéronienne. Mais, qui sont donc aujourd'hui nos nouveaux barbares intérieurs?

Nous en aurons facilement une idée en lisant cet éditorial tiré du démagogique Journal de Montréal, en date du 15 février 2013, dans la foulée de la préparation du Sommet sur l'enseignement supérieur et l'annonce que l'ASSÉ, l'aile la plus revendicatrice - donc la plus «extrémiste» - du mouvement étudiant, refusera de participer à ce sommet puisque la gratuité scolaire ne sera pas mise sur la table de discussion : 
L’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) ne représente que 66 000 des 400 000 étudiants des niveaux collégial et universitaire au Québec, soit quelque 16 % seulement. Cette association extrémiste est marginale, mais elle réussit, comme Québec solidaire, à occuper une couverture médiatique disproportionnée par complaisance.

L’ASSÉ est une fumisterie dans son appellation même. Il n’y a pas de syndicats d’étudiants au Québec et encore moins de fédération syndicale étudiante reconnue. Les dirigeants de l’ASSÉ jouent aux syndicalistes radicaux qui revendiquent pour des conditions de travail, alors que les étudiants sont des prestataires de services... et de prêts.

Un commentaire dans ma chronique d’hier sur la lie de la clientèle universitaire que l’ASSÉ abriterait, inscrite à des facultés et départements qui décernent des diplômes ne menant à rien, a beaucoup fait réagir. Regardons-y de plus près.

Des «lologues»
Les associations étudiantes affiliées à l’ASSÉ, que ce soit à l’Université de Montréal, à Laval, à l’UQAM, sont celles des étudiants en anthropologie, sociologie, sciences politiques, philosophie, histoire, littérature et langues, arts visuels, théâtre...

Pas un seul étudiant en médecine, pharmacie, sciences dentaires, droit, sciences et génie, administration...

Plus pragmatiques, ces derniers sont pressés de décrocher leur diplôme et d’intégrer les rangs de leur profession. Ils ont voté contre le boycott des cours en 2012, ce qui leur a valu le mépris des supposés penseurs des facultés de «lologues» qui ont pris la rue.

Or, ces supposés penseurs sont inscrits aux facultés où les critères d’admission, la fameuse cote R, sont les plus bas. Un trimestre ou une année perdue à jouer aux anarchistes n’ont pas les mêmes conséquences pour un étudiant en anthropologie ou en philosophie, qu’en médecine, en droit ou en génie. Le premier a plus de chances de devenir, aux frais de la société, chauffeur de taxi, critique social à la Rogatien dans Taxi-22, ou serveur dans un bistrot branché du Plateau, qu’anthropologue pratiquant.

Je ne détiens pas de statistiques, mais je suis assuré d’instinct que les plus mauvais payeurs pour le remboursement des prêts étudiants sont également des ex-étudiants de ces facultés et départements où sont concentrés les membres de l’ASSÉ. Quoi de mieux alors que la totale gratuité à l’université pour y poursuivre le végétarisme développé dans les agoras des cégeps pendant les quatre, cinq ou six ans qu’il leur a fallu pour terminer un cours collégial de deux ans.

Les parasites

La plupart des principaux leaders étudiants et gauchistes du demi-siècle dernier, qui ont bâti le mouvement étudiant, suivaient un curriculum exigeant.

Bernard Landry, cofondateur de l’Union générale des étudiants du Québec (UGEQ), est diplômé en droit et en économie. Il a étudié à Paris. Pierre Marois a aussi étudié en droit à Montréal et au niveau du doctorat à Paris.

Même un Alain Dubuc, ex-directeur de l’éditorial à La Presse, militant trotskiste pendant ses études universitaires, devenu chantre du capitalisme à la Power Corp., détient une maîtrise en économie. Claude Charron et Louise Harel sont certes passés respectivement par les sciences politiques et la sociologie. Charron a toutefois terminé une maîtrise et Harel a ajouté une licence en droit et un Barreau.
Les leaders étudiants qui ont bâti le mouvement étudiant au Québec et que j'ai appuyés étaient de véritables étudiants, à plein temps, qui visaient à participer activement au développement du Québec moderne. Ils ne cherchaient pas à en être les parasites patentés comme les dirigeants de l'ASSÉ.
La question maintenant à se poser est celle-ci : doit-on considérer le chroniqueur Jean-Jacques Samson, auteur de cette diatribe fangeuse, comme un «sauvage» ou comme un «barbare»?

Tout de suite le terme de «sauvage» semble exclu car il vit en citadin bien établi, même s'il sait à peine lire et a sûrement un bon programme de correction de fautes installé sur son ordinateur. En fait, ce journaliste appartient à la génération de ces bull-shiters issus de la Radio X de Québec, des voix insolentes, imbues des ressentiments régionaux, sans perspective d'analyse ni de compréhension méthodique et qui prennent les vues négatives de l'esprit - pour autant que nous leur en attribuons un - pour la réalité objective. Repris par des journalistes en manque de visibilité à Montréal, nous reconnaissons facilement un Richard Martineau, inculte, grossier, qui s'exclamait à Tout le monde en parle : «Est-ce que je suis rien que de la marde!», et qui semblait ne pas se rendre compte que poser la question c'était y répondre. On y retrouve aussi mon compatriote, malheureusement, le maire de Huntingdon, Stéphane Gendron, qui ne recule devant aucune grossièreté ni aucune bouffonnerie pour véhiculer sa rectitude de droite. Un autre barbare de la même tribu, c'est Benoit Dutrizac, querelleur, grande gueule, vicieux. Tous ces roués de l'information trouvent jusqu'à Télé-Québec une antenne pour véhiculer leurs immondices cérébrales. Béotiens et Pharisiens, ces nouveaux barbares joignent l'ignorance de l'objectivité à une virginité effarouchée devant les laideurs de ce monde, laideurs desquelles ils tirent pourtant leur pain quotidien. Voulant reprendre le succès de l'intervention de Martineau en 2012, lorsqu'il se scandalisait de voir des étudiants attablés à une terrasse extérieure avec un cellulaire et une sangria, notre Samson entend provoquer, avec l'espoir de déclencher une réplique tellement virulente de la part des étudiants qu'elle le placerait également en avant-scène, l'occasion qui le conduirait, lui aussi, à participer à Tout le Monde en Parle.

Ces sous-Foglia du ruisseau sont les versions populacières des journalistes vedettes de La Presse, principal concurrent du Journal de Montréal. Un André Pratte n'est pas plus intelligent qu'un Dutrizac mais tout aussi vicieux; Alain Dubuc a le même humour qu'un Richard Martineau (ou c'est l'inverse?), mais partout des opinions banales, des analyses peu éclairantes, une intelligence fermée sur l'idéologie néo-libérale. Ces voix publiques des grands capitalistes québécois, des Desmarais et des Péladeau, aussi bien peau de Libéral que viscères de Péquiste, baignent dans un même formol chloroformique. Elles ont leur place à côté des commentateurs sportifs qui, au lieu de prendre pour le lion contre le gladiateur, prennent pour un joueur de hockey contre un autre. Dans le cas de Samson, comme il s'agit de refaire le coup d'éclat de Martineau avec son cellulaire et sa sangria, ce dernier a décidé de monter d'un cran l'insulte avec les parasites et les lologues. La foule de lecteurs irréfléchis et démagogiques n'en demandaient pas tant. Dans cette volonté de s'en prendre à l'âne de la fable pour épargner le lion de la business, ce Samson de Bratislava se comporte comme un barbare. Voulant éreinter les étudiants contestataires, il montre le degré de sottise où en est rendue la chronique de la presse en général au Québec et pourquoi il est bon de ne pas la lire et encore moins de l'acheter ou de s'y abonner.

Analyser la bêtise du texte de Samson n'exige pas un exercice intellectuel compliqué. En tant que barbarisme, il faut le comprendre comme un texte essentiellement destructif, négatif, à la fois contre le progrès social et contre la civilisation, mais également comme un texte sélectionnant ce qu'il considère comme joignant ses frustrations personnelles et les avantages qu'il peut tirer de la situation actuelle pour les exprimer. Ce n'est sûrement pas un texte intellectuel, mais bien un texte idéologique, refusant des aspirants intellectuels comme héritiers car il les déteste avec envie tant il juge lui-même avoir échoué sa vocation intellectuelle. En ce sens, il rejoint les ressentiments vulgaires de la plupart des auditeurs des radio X-télé V, et les minorités dominantes qui considèrent que le bonheur de l'homme réside dans les bienfaits apportés par les techniques (la technè dont je vous ai déjà entretenue ailleurs).

Regardons d'abord la mise en vente de l'article. Sur informatique, on ne voit que le premier paragraphe, déjà un brûlot, afin de servir d'appât pour renflouer le site V.I.P. du Journal de Montréal. L'intégrité de ce texte est déjà douteuse en partant, puisqu'il sert avant tout à attirer des lecteurs à l'abonnement au journal. Les caractères gras amplifient l'affirmation qui repose d'abord sur des chiffres. S'ils sont vrais, il faut noter que le 16% est un chiffre beaucoup plus important que ne le donne à penser l'idée d'une «association extrémiste et marginale». De plus, les chiffres ne sont pas plus garants de vérité que les mots, car ils sont avant tout livrés à l'interprétation. Le Barbare dit que 16% c'est un petit nombre, le Civilisé que je suis dira que c'est un grand nombre, assez en tout cas pour inquiéter le 84% de la majorité restante. Et sur ce 84%, il y en a encore un pourcentage muet - de cette «majorité silencieuse» dont Jean Charest se proclamait le défenseur -, qui éprouve une certaine sympathie pour l'ASSÉ, même s'ils ne sont pas prêts à entériner toutes ses revendications ou ses stratégies de pression. Bref, une fois de plus, les chiffres servent à dérouter les yeux du réel. C'est là abuser de la formule de Galilée qui disait que «la nature est écrite en langage mathématique». Plus authentiques en termes de niaiseries, les accusations d'extrémisme et de radicalisme de même que la fausseté de la «couverture médiatique disproportionnée par complaisance». Or, qui parle le plus de l'ASSÉ sinon M. Samson et sa tribu de barbares des journaux quotidiens, imprimés, radiophoniques ou télévisuels? Ils sont les premiers responsables de cette couverture médiatique, comme ils sont les premiers responsables de la «terreur» qu'elle inflige à la population. La terreur est l'arme même de la barbarie pour pallier à son impuissance en termes à la fois de nombre de combattants et d'armements de guerre. Si 16% seulement de la population étudiante suffit à jeter le trouble dans un esprit comme celui de M. Samson, on comprend qu'en appeler à la «complaisance» est avant tout une solution psychologique de réconfort. Mais tout cela n'est, objectivement, que mensonge et désinformation.

Voilà qui est bien mal parti. Accuser l'ASSÉ d'être une fumisterie est une projection de la part du journaliste, car il vient de dire lui-même qu'elle compte 16% de supporters dans le milieu étudiant. Ce 16% est réel ou il est imaginé, et s'il est imaginé, il ne peut l'être que par celui qui l'accuse de «fumisterie» puisqu'il s'agit de sa propre fumisterie. De même, il y a toujours eu une reconnaissance syndicale de l'action étudiante (et lui-même le reconnaîtra plus loin dans son article). Qu'on discute de la nature de ces syndicats, c'est en effet nécessaire, considérant que le milieu étudiant n'est pas un milieu de production industrielle ni de services qui modélise les relations de travail. Le syndicalisme étudiant, et c'est sa faiblesse quand vient le temps de poser des gestes politiques, c'est sa propension à user d'instruments de revendication qui ne sont pas nécessairement appropriés à la condition étudiante. Par contre, les étudiants ne «sont pas des prestataires de services». Ce sont des consommateurs d'un bien qu'ils paient pour le moment et dont ils jugent la qualité douteuse. Ce ne sont pas des bénéficiaires de l'assurance-santé, campés dans des lits d'hôpitaux. Une telle sottise est navrante quand on pense qu'elle va être lue par des milliers de Québécois! Quant à l'usage du mot «prêts», c'est un cheap shot propre à un Barbare qui échappe à toutes règles de politesse et de civilité.

Nous pourrions arrêter là la démonstration de la barbarie de Jean-Jacques Samson. Mais il faut boire le vin jusqu'à la lie journalistique qui est plus dégoûtante que la lie étudiante soulignée par M. Samson. Pour notre Barbare, «la clientèle universitaire que l'ASSÉ abriterait, [serait] inscrite à des facultés et départements qui décernent des diplômes ne menant à rien», c'est-à-dire aux sciences humaines et sociales, aux arts, aux lettres, etc. Bref, le cœur même de l'Université située dans un monde civilisé. Partisan du pragmatisme et de l'utilitarisme, M. Samson tapote sur son clavier comme Attila portait des coups de talons aux flancs de son cheval. C'est un intoxiqué de ce bourrage de crâne vieux comme la Révolution tranquille du qui s'instruit s'enrichit. L'instruction n'a donc qu'un but, l'enrichissement financier des étudiants. C'est cela qui a donné tant de barbarie à l'élite intellectuelle du Québec présentement. Bien sûr, Denise Bombardier s'inscrirait dans cette élite, mais elle ne dînerait sûrement pas à la même table que M. Samson. Se sentant appelé à se justifier (par qui?), il nous invite à le suivre de plus près.

C'est alors qu'il divise son texte en deux parties : les lologues et les parasites. D'abord il confirme sa définition négative du mouvement étudiant en le rattachant à des départements qui, pour lui, ouvrent sur des diplômes non rentables : «Les associations étudiantes affiliées à l’ASSÉ, que ce soit à l’Université de Montréal, à Laval, à l’UQAM, sont celles des étudiants en anthropologie, sociologie, sciences politiques, philosophie, histoire, littérature et langues, arts visuels, théâtre...» Samson n'est pas Socrate. Puis, il nous dit qui sont les «bons» étudiants : «Pas un seul étudiant en médecine, pharmacie, sciences dentaires, droit, sciences et génie, administration...» Voici le set-up du western installé. Que sont les «bons»? Des pragmatiques, des étudiants pressés de décrocher leur diplôme et d'intégrer les rangs de leur profession. Le «vrai monde» entre l'université, le diplôme et l'emploi relève, chez M. Samson, du plus pourri des scénarii de La Petite Maison dans la Prairie. Même dans ces domaines, tous les emplois ne se cueillent pas comme des fruits pendant des arbres! Combien d'avocats en chômage? La guerre que le néo-libéralisme livre à la fonction publique ne menace-t-elle pas les diplômés d'administration? Le monde des ingénieurs est dérouté par la commission Charbonneau sur la corruption? Il y a quelques années ne parlait-on pas du nombre de suicides effarant parmi les jeunes dentistes? C'est bien d'un monde fictif que nous parle M. Samson. Par contre, les «méchants» sont bien récompensés par le mépris de ces pragmatiques qui s'en prennent aux supposés penseurs des facultés de lologues. C'est oublier que le suffixe grec logos désigne précisément la pensée. Si j'étais animé de la même mauvaise foi que M. Samson, je dirais que les techniciens pragmatiques et «diplômes en poche» sont des gens qui n'ont jamais appris à penser de leur vie, d'où ce retour sur eux-mêmes qu'ils accomplissent, souvent vers la trentaine, quand ils se sentent intérieurement «vides» malgré leur grande réussite sociale. Des machines à sous automatiques aptes à entretenir une société d'enfants pourris par la facilité et la complaisance de leurs richesses au prix de leur débilité mentale, tel est le monde «objectif» et privilégié par M. Samson. Un monde à son image?

La cote R est utilisée selon les intérêts du milieu universitaire. Si elle est si basse, ce n'est pas pour favoriser un secteur comme celui des lologues, mais pour attirer une clientèle et surtout son argent pour remplir les poches des universités. C'est le cœur même de la querelle autour de l'augmentation des frais de scolarité. Plus les frais vont monter, plus la cote va baisser, car l'esprit consumériste de la diplomation l'emporte sur la qualité de la formation qui dépend de l'éthique ou de la déontologie des différents départements. Par contre, si les frais de scolarité sont au plus bas, voire même abolis, la cote R devra  obligatoirement monter, comme en Europe. Il faudra que les étudiants qui entrent à l'université dans quelque discipline que ce soit passent des examens sévères qui opèreront un filtrage. C'est là penser en termes d'intérêt et pour les universités et pour les étudiants, plutôt que des affirmations démagogiques qui pleuvent comme dans la critique de M. Samson. Ce ne sont pas des étudiants de sciences humaines qui émettent des pensées sociales à la Rogatien, ce sont des petits bourgeois qui ont échoué dans le monde des affaires et du travail salarié qui, pleins de ressentiments, se défoulent dans leur famille, leur milieu d'amis, sur les ondes de la radio, etc. Question sociologique, M. Samson ne passerait même pas la cote Z, même si son taxi demeure le 'ournal de Mon'réal.

Doit-on regretter qu'il ne détienne pas de statistiques? Ça ne changerait pas grand chose. Sa recherchiste devait avoir la grippe cette journée-là. Bref, oui, «les plus mauvais payeurs pour le remboursement des prêts étudiants sont également des ex-étudiants de ces facultés et départements où sont concentrés les membres de l’ASSÉ», précisément parce qu'une société comme la nôtre, qui méprise le savoir, s'en sert comme objet de distraction, étale sa fierté d'anti-intellectualisme, ne créera jamais d'emplois pour ces secteurs, tenus ailleurs pour la base de la Civilisation. Notre Barbare plaide ici pour la barbarie. Il lui prête sa propre lâcheté de ne pas avoir poussé ses études jusqu'à lui permettre de distinguer que le «végétarisme» n'a rien à voir avec des gens qui végètent d'une discipline à l'autre. Une telle bourde suffit à montrer l'incompétence littéraire et scripturaire de notre Barbare.

Viennent ensuite les parasites. Car nos lologues sont aussi des parasites. Samson rappelle, étrangement, que «la plupart des principaux leaders étudiants et gauchistes du demi-siècle dernier, qui ont bâti le mouvement étudiant, suivaient un curriculum exigeant». Lui, qui disait tantôt que le syndicalisme étudiant n'avait pas d'existence concrète, le voilà qui nous parle de ces leaders qui ont bâti le mouvement étudiant; et quel cursus suivaient-ils ces leaders? «Bernard Landry, cofondateur de l’Union générale des étudiants du Québec (UGEQ), est diplômé en droit et en économie. Il a étudié à Paris. Pierre Marois a aussi étudié en droit à Montréal et au niveau du doctorat à Paris». Voilà le droit et l'économie à la fois exclus des lologues faire leur apparition dans l'univers pragmatique des diplomés en poche. Mais pour accéder au droit et à l'économie, il faut passer par les lologues de la philosophie, des sciences politiques, de la sociologie, de l'histoire. Toutes ces sciences où végétaront nos actuels «méchants» de l'ASSÉ! Ces vedettes du P.Q. n'ont pas nécessairement brillé dans leur carrière de leader du mouvement étudiant. Ainsi Bernard Landry, qui a servi de cheval de Troie au gouvernement de l'Union Nationale pour résoudre le conflit à l'École des Beaux-Arts de Montréal lors de la proclamation de la célèbre «république» en 1968, ce que rappelle le très intéressant film de Claude Laflamme sur ces événements, La malédiction de la momie. Avec ce genre de leader, on n'a pas besoin de recteurs. Mais notre Barbare est quand même magnanime devant le milieu politique où flottent les journalistes; ainsi Alain Dubuc, «militant trotskiste pendant ses études universitaires, devenu chantre du capitalisme à la Power Corp., détient une maîtrise en économie. Claude Charron et Louise Harel sont certes passés respectivement par les sciences politiques et la sociologie. Charron a toutefois terminé une maîtrise et Harel a ajouté une licence en droit et un Barreau. Les leaders étudiants qui ont bâti le mouvement étudiant au Québec et que j'ai appuyés étaient de véritables étudiants, à plein temps, qui visaient à participer activement au développement du Québec moderne. Ils ne cherchaient pas à en être les parasites patentés comme les dirigeants de l'ASSÉ». Définitivement, les parasites d'aujourd'hui seront les leaders de demain, quand Gabriel Nadeau-Dubois sera chef de la C.S.N. ou Martine Desjardins députée péquiste ou Québec Solidaire, le cauchemar de M. Samson sera devenu réalité!

C'est oublier qu'un Alain Dubuc fut aussi sinistre en tant que trotskyste qu'il est infect en tant que journaliste à La Presse. Et ce, en toute logique (lologue), car il défend le capitalisme avec le même dogmatisme qu'il déployait en tant que trotskyste. On peut dire la même chose de Gilles Duceppe au Bloc Québécois. Que son expertise en science économique soit aussi têtue que son ancien diamat, comment s'étonner? Toutes ces carrières surfaites, à une époque où il était facile de se manifester à gauche comme il est facile aujourd'hui de se faire chantre de la droite, montrent à quel degré d'opportunisme, d'incompétence et de veulerie sociale cette génération de soi-disant penseurs ayant fait des «études sérieuses» et «exigeantes» s'est rendue pour que l'on se retrouve dans un tel marasme. Après tout, ne sont-ce pas encore eux qui enseignent aujourd'hui à cette nouvelle génération de végétaristes? Et que dire de Claude Charron et de Louise Harel? Charron fut la figure éditorialiste du 'ournal de Mon'réal du temps où le vieux Péladeau dirigeait son entreprise, lui qui avait plus de connaissances et d'honnêteté intellectuelle que son diplômé en philosophie de fils qui, lui aussi, à l'époque, courait les bars étudiants avec sa casquette Lénine sur la tête, n'est-ce pas, M. Samson? Si tout ceux là n'étaient pas déjà des parasites patentés, des parasites qui ont profité de l'air du temps pour se faire une carrière dans la politique à desservir la population plutôt qu'à la servir, Dieu nous épargne une deuxième génération de telles compétences.

Ces deux parties du texte, les lologues et les parasites, départagent assez bien ce que notre Barbare veut et ce qu'il ne veut pas. Ce qu'il veut, ce sont des politiciens, des journalistes, des éditorialistes complaisants envers le système établi et les minorités dominantes qui en dépendent. Ces «bons» auxquels il se sent sûrement appartenir, ont travaillé dans des disciplines qui aujourd'hui ont été avilies et couvent tant de parasites. Or, à qui la faute? Aux étudiants de l'ASSÉ? Sûrement pas. Ils sont arrivés là comme «clients» du Wall-Mart universitaire et non comme recteurs ou professeurs. S'ils végètent dans les programmes - qu'ils paient beaucoup plus cher que leurs prédécesseurs des années 60-70 -, c'est que la société québécoise n'a rien à leur offrir, à sa grande honte, d'où la nécessité que des Barbares comme M. Samson fassent porter la culpabilité sur le dos des étudiants. Si les sciences humaines et sociales ou les lettres et les arts se perdent dans un univers cubiste de théories qui s'insèrent les unes dans les autres comme des briques Lego, ou atteignent un niveau d'auto-référentialité navrant qui les éloigne de toute réalité, ce n'est pas la faute de ces étudiants qui ont été abandonnés à eux-mêmes, mais à la débandade des chercheurs et des professeurs qui sont, par hasard (sic!) ceux qui appartiennent à la génération applaudie par M. Samson. Ce qu'il ne veut pas, c'est l'étalage nauséeux de cet échec de ses condisciples universitaires, de ses partisans du premier Parti Québécois qui ont été trop lâches ou trop maladroits pour mener le Québec à son projet d'indépendance. Ces communistes de tous poil qui ont trahi le soi-disant prolétariat pour finir le cul assis à Ottawa ou dans un bureau de La Presse après avoir tant dénoncé la fraude du parlementarisme bourgeois et de la connivence du Grand Capital dans l'exploitation de l'homme par l'homme. C'est envers eux-mêmes, envers leur passé de militants et leur échec sanctionné par l'état actuel de la société québécoise que la honte et les ressentiments sont les plus virulents. Le mépris de l'ASSÉ dissimule précisément le mépris de soi de cette génération de fraudeurs intellectuels qui n'a rien apporté à la conscience québécoise et si peu à ses connaissances. Portant la responsabilité au niveau des «savoirs inutiles», M. Samson avoue sans le dire qui sont les véritables responsables de ce gâchis et l'incompétence de ces penseurs au pouvoir, dans le camp péquiste comme dans le camp de Québec Solidaire, toujours, encore, à promettre une résurrection d'aspirations égorgées en sacrifices aux contraintes miteuses et boutiquières.

Les Barbares qui envahirent l'Empire romain n'étaient pas dépourvus de culture. En tant que nomades, leur art s'exprimait dans l'orfèvrerie, les bijoux, les colliers, bref des objets faciles à emporter dans leur transhumance. Il y a donc un art issu de la Barbarie et qui permet de concevoir que les Barbares pouvaient s'ouvrir aux biens de la Civilisation tout en y portant un coup de grâce aux anciennes institutions locales. Existe-t-il une littérature écrite Barbare? Non, évidemment, puisqu'ils n'avaient pas d'écriture. Les Barbares d'aujourd'hui écrivent, mais ils sont sans histoire et sans littérature. Ils confirment, après plus d'un siècle et demi, le jugement de Lord Durham sur l'ensemble des Canadiens Français. Leur si forte présence sur tous les réseaux d'information pousse l'état de barbarie à une saturation jamais imaginée. En continuant sur la voie où ils sont rendus, les Barbares médiatiques vont bientôt pénétrer dans l'outrageous, dans l'ignominie, dans la sauvagerie, et nous précipiter …hors de l'anthropologie⌛

Montréal
18 février 2013

Revu et corrigé par
Marc Collin 

28 commentaires:

  1. Samson, Bombardier et compagnie sont nos nouveaux curés d'après la "Révolution tranquille" Nos nouveaux curés médiatiques qui viennent nous faire la morale et prêcher la bonne parole. Luc Grégoire

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  2. Quand on a la langue sale, le clitoris rabougrie et le cul prêt à se vendre aux enchères, on est bien mal placé pour faire la morale à qui que ce soit. Merci Luc.

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  3. Vous confondez "chroniqueur" et "journaliste" ou vous faites juste beaucoup de lapsi?

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    1. Sont-ils des journalistes? Ils n'ont rien à nous apprendre plus que ce que nous savons déjà… Ce ne sont tout de même pas des Pierre Gravel quand même. Sont-ils des chroniqueurs? Ce ne sont que des humeurs, comme ici. Où sont les lapsi quand deux métiers, deux approches en viennent à se confondre autant? Je m'étonne, cher anonyme non Anonymus que vous ne vous en soyez pas aperçu. Peut-être ne lisez-vous que d'un œil de peur qu'avec les deux yeux, vous sentiez votre vue s'embrouiller?

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  4. En complément à cet excellent texte je propose un visionement plus léger, mais tout aussi instructif. Une parodie d'un autre ''lologue'' suisse : oscar Freysinger par Yann lambielndisponible sur YouTube. Titre du sketch : les bananes bleues ! Amisez-vous !

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  5. la dynastie au pouvoir dans notre province d'occident, dès l'aube de la révolution tranquille, a su effectuer les feintes et les parades nécessaires à sa survie.

    l'infiltration, le noyautage d'assemblée, la déviation de courant politique, la réorientation de groupe révolutionnaire, ... font parti des outils précieux des dynasties qui dirigent cet atroce occident. une perfide civilisation qui tire ses traditions d'une sombre époque dont nous avons un écho dans "les rois maudits".

    cette dynastie agonise et doit prendre des mesures extrêmes pour assurer sa survie compromise par l'éveil des peuples.

    merci, Jean-Paul, de participer à cet éveil.

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    1. Je vous remercie, M. Hudon. Évidemment, comparer «la dynastie» au pouvoir au Québec depuis un demi-siècle avec les perfidies des rivalités dynastiques du temps des Rois maudits a une saveur toute shakespearienne qu'il faudra un jour penser à exploiter dramatiquement.

      Mon sentiment envers la civilisation occidentale n'est cependant pas aussi tranché que la vôtre. Jadis les Français désignaient la «Perfide Albion» avant qu'ils ne deviennent alliés des Britanniques. La source de cette perfidie m'intéresse davantage. La régression haineuse de la civilisation occidentale m'apparaît provenir de ce conflit honteux, lorsque la Chrétienté occidentale a trahi la confiance, pillé et détruit Byzance, la Chrétienté orientale, lors de la prise de Constantinople par les croisés, en 1204. Les deux siècles qui suivirent virent se mettre en place un processus de psychologie collective dit «d'agression défensive» - le même argument prêché par G. W. Bush pour attaquer l'Irak -, et que la prise de Constantinople par les Turcs en 1453 a fondu dans un souvenir-écran, 1453 cachant 1204 et cristallisant du même coup la «modernité» (La Renaissance, la Réforme, plus tard les Révolutions française et industrielle, etc.). De là aussi, notre impérialisme, notre expansion colonisatrice des autres cultures, ou lorsqu'il s'agissait tout simplement de les détruire. C'est une structure régressive basée sur la haine - haine de l'Autre et haine de soi confondues - qui, depuis 1860, s'accélère à un rythme toujours plus effréné. Tout cela ne cache pas pourtant les grandes réalisations de l'Occident, et c'est pour cela que je cultive - que nous cultivons tous je crois - une relation d'amour/haine avec lui.

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  6. Excellent texte! Je découvre votre blogue, il fait bon y lire, vous me reverrez passer.
    Quant à l'épineuse question de la catégorisation de ces barbares à plumes, je crois que nous avons atteint le stade où le terme «polémiste» n'est plus un adjectif mais bel et bien une raison d'être, une profession.
    Le meilleur remède reste encore de se priver de ces lectures, puisqu'Ils carburent à l'attention que nous leur portons...

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    1. Merci, Gomeux. J'espère qu'à la longue je ne te décevrai pas trop! Ces Barbares à plumes - j'apprécie ta trouvaille ornithologique - ne méritent toutefois pas le terme de «polémistes» car la polémique - du grec polémos qui signifie guerre, ici de mots - ne sont ni des aviateurs (ça ne vole pas haut), ni des marines (ça coule avant de flotter), ni des artilleurs (ils tirent sur tout ce qui bouge y compris dans leurs propres pieds), et encore moins des fantassins (ils sont lâches et fuient, précisément, toutes «polémiques» pour ne se contenter que de positions de principes brandies comme des étendards autoproclamés. Ils ne pratiquent ni la guerre offensive - la seule qui aurait des chances de succès - ni la guerre défensive - qui serait une forme de résistance une fois vaincus. Ce sont des planqués dans une guerre de position. Recouverts de teflon, ils sont imperméables àtout argumentaire qui dépasse leur niveau de formation journalistique de broches à foin.

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  7. Excellent. J'ai besoin de me replonger dans l'éthymologie profondes des choses.

    On ne pourrait pas opter pour le terme «Canons Lousses»?
    C'est évidemment un dérivé de Loose canon, mais en le joualisant comme ça, ça prend une vague connotation ridicule. Le canon lousse, slack, qui tire tout croche, sur tout.
    Ce qui leur sied à merveille, évidemment.
    Des Canons Lousses, planqués.

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  8. Loose canons, en anglais, est parfait. Surtout si on les met en face de leurs vis-à-vis de La Presse, oui, ce sont bien des loose canons. Le 'ournal de Mon'réal est bon pour récupérer les «rejects» : Tremblay venu de La Presse; Bombardier chassée de Radio-Canada pour ses nombreux procès contre des auteurs qu'elle accusait de pédophilie; Fournier, également de Radio-Canada, pour avoir parler des ses excitations érotico-anales à micro ouvert, enfin Georges-Hébert Germain, gyrovague et biographe autorisé de Celine. Bien peu de sang noble dans tout cela. Des réputations surfaites par des effets médiatiques. Des diplômes en journalisme acquis sur le coin d'une table de cafétéria ou achetés à gros pris. Bombardier sorbonnarde, c'est déjà un cadavre exquis en soi, non?

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  9. J'en peux plus de lire ces faux intellectuels québécois qui ont remplacé nos curés d'autrefois, ces mêmes acteurs de la "révolution tranquille! «ou de la génération subséquente qui se sont recyclés dans les médias pour faire la morale à une... jeunesse beaucoup moins nombreuse qu'auparavant mais beaucoup plus au fait des enjeux modernes. Nous ne vivons plus maintenant une révolution tranquille mais plutôt une "involution agressive" Denise Bombardier est la parfaite représentante de nos nouveaux curés. Dernièrement je lui écrivais
    ceci: " Mme Bombardier au Journal de Montréal?? À vrai dire, Mme Bombardier vient peut-être de se rendre compte sur le tard que ce journal est le canal tout désigné pour elle pour exprimer ses frustrations et ses états d’âme. Bon choix Mme Bombardier, vous n’étiez plus à votre place (et à vrai dire vous ne l’avez jamais été)dans le monde des intellectuels. L’analyse vous a toujours fait défaut mais tout comme vos futurs collègues chroniqueurs, ce médium vous servira du moins à vous déchargez d’un trop plein de rancœurs et de frustrations. " Les enfants gâtés et tout le bla bla bla, ras-le-bol! Le printemps érable n'avait pas du tout la même connotation que la révolution tranquille des années 60, à cette époque les questions morales étaient beaucoup plus à l'avant-plan, aujourd'hui le débat est beaucoup plus devenu une question de priorité sociale et économique. Ras-le -bol de nos nouveaux curés chroniqueurs ! Mme Bombardier a quitté « Le Devoir « le seul journal indépendant et qui a beaucoup de peines à survivre pour aller rejoindre l’empire « Québécor ». Bon on peut penser que son livre sur sa vie amoureuse ne rapporte pas beaucoup, ce qui n’intéresse pas grand monde d’ailleurs, mais que « Québécor » lui donne une bonne occasion de se renflouer et ce qui n’est pas négligeable une meilleure visibilité qu’un journal comme « Le Devoir ».

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    1. C'était une transition bien douce puisque c'est Québécor qui paie la publication du Devoir que le père Péladeau avait tiré in-extremis de la faillite. Ce fut plus «tragique» lorsqu'elle perdit son job à Star Académie, au point de se rendre à Tout le monde en parle et en «quêter» un autre à Radio-Canada, qui se souvient sans doute trop des montants payés pour la défense de Mme Bombardier lors des procès qui lui ont été adressés pour diffamation.

      Mme Bombardier, comme le pape, se préoccupe exagérément de la morale sexuelle au détriment de la morale sociale. Il y a un relent d'«une enfance à l'eau bénite» (titre de son premier roman) qui revient constamment dans ses interventions, comme si le touche-pipi était à la base de la corruption dans le monde de la construction, des revendication étudiantes du «printemps érable», des assistés sociaux, etc. etc.! Ce monisme est la preuve que «l'analyse» ne part pas de la connaissance de l'objet étudié, mais de la projection du sujet par «quelque chose» qui fait obsession : son reniement ou sa trahison de la société pré-Révolution tranquille. Elle, que je voyais dans les années 70-80 animer Noir sur Blanc, une émission d'information assez potable comme on en imagine plus aujourd'hui, y affrontait le cardinal Léger sur la sécularisation de l'éducation. Pour une mentalité «pré-moderne», c'était une transgression difficile, voire courageuse. Puis, elle s'est retrouvée, un jour, sur un plateau de télé français et là, sa tête s'est mise à enfler (et je ne parle pas de sa coiffure) au-delà de ses capacités. Quand le tout a éclaté, elle est devenue ce que tu vois : «jeune catin, vieille dévote». Comme les anciens cathos, elle joue l'ordre contre la révolte, la soumission contre la désobéissance, les valeurs traditionnelles (lesquelles?) contre une modernité qui se cherche, la sagesse (qu'elle n'a pas) contre la spontanéité (qui la dépasse), etc. Avant d'être une affaire des États, gérer sa propre décadence est le premier souci de ces «Enfants trouvés» issus de l'aristocratie française et essaimés le long du Saint-Laurent depuis trois siècles, qui voient venir la décrépitude, la sénilité, l'alzheimer (peut-être), la mort (sûrement).

      En observant bien les autres Barbares, on pourrait trouver des scenarii semblables (trahison des valeurs de la Révolution tranquille? reniement d'une période de militance d'extrême-gauche? le passage de l'indépendantisme au fédéralisme? Leurs divagations trahies parfois la source de leurs démons intérieurs. Ce serait-là, peut-être, la source d'un nouveau jeu électronique…

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    2. Je vous remercie de votre réponse, j'abonde tout à fait dans le même sens que vous. Une chose m'a échappé cependant, il est vrai que "Le Devoir" est renfloué par Québécor.

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  10. Je m'éloigne un peu du sujet; PKP n'est pas Pierre Péladeau. Ce dernier dans le temps aurait pu faire fermer Le Devoir parce que ce journal n'arrivait pas à payer ses frais d'imprimerie à Québecor. Il a été magnanime et je crois qu'il comprenait la nécessité d'un journal comme Le Devoir. De plus de son vivant, le Journal de Montréal ne pullulait pas de chroniqueurs de droite comme c'est le cas maintenant.
    Denise Bombardier: oui une vieillesse à l'eau bénite...
    Daniel

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    1. Oui, Daniel, je l'ai d'ailleurs signalé dans l'un des derniers paragraphes du texte. Le rapport de Pierre Péladeau à la culture était très différent de celui de son rejeton. C'était le rapport des Canadiens Français d'avant la Révolution tranquille. Une culture générale, plus ou moins acquise de manière autodidacte; une ornementation ostentatoire, comme lorsqu'il se faisait filmer devant la collection de la Pléiade, assis à son bureau, pour une pub de Radio-Canada. Fiston, lui, a le rapport des Québécois à la culture : technocratique et honteux. Il a fait des études universitaires dans un de ces domaines de «savoir inutile», la philosophie, s'est pris pour un marxiste ne serait-ce que pour écœurer popa et vit maintenant de l'anti-intellectualisme forcené d'un courant de droite. Est-il inculte comparé à popa? Non. Mais sa culture n'est pas un «signe» de mise en valeur, et, si ça se trouve, elle est une gêne qu'il vaut mieux refouler dans le placard avant que Julie s'en aperçoive. Cet ancien communiste des Foufounes électriques est devenu un capitaliste borné, comme ses adversaires trotskystes d'antan, Alain Dubuc et Gilles Duceppe. Un capitaliste forcené même, si l'on se rappelle - ce que l'on a déjà oublié, semble-t-il -, comment il a fait la guerre à ses employés du journal voilà deux ans. Comment s'étonner qu'il engage des chroniqueurs de droite? Si le prof. Lauzon, avec son humorisme économiste ou son économisme humoristique fait succès, l'engagera-t-il sûrement pour tenir une bande économique dans Le 'ournal de Mon'réal? Au Québec, tout est possible tant tous virent capots…

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  11. En fait, le Prof. Lauzon tient déjà un blog sur le site du Hournal. En tout, jusqu'à récemment(6 mois), je ne suis pas trop l'actualité de ce côté...

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    1. Je l'ignorais, car je ne suis pas un régulier du 'ournal; preuve que la réalité dépasse la théorie!

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  12. Pierre Péladeau avait promis a ses journalistes, quand il a fondé le Journal de Montréal, qu'éventuellement ils seraient les mieux payés de l'industrie. Et il a tenu parole. Le fils a envoyé paître les journalistes de ce journal alors que son quotidien faisait de l'argent. Il faut dire qu'alors il était pressé de rembourser la dette liée à l'acquisition de Vidéotron (beaucoup trop cher payé) Selon un ex journaliste de ce journal que j'ai rencontré, Pierre Péladeau aimait les gens, malgré ses manières à première vue frustre. On ne peut en dire autsnt de PKP dont l'empire a été bâti en partie avec des fonds de la Caisse de Dépôt.
    Je me souviens aussi de cette phrase de Pierre Péladeau adressée aux québécois à la veille du référendum de 1995: «N'ayez pas peur» Phrase qui l'honore.
    Daniel

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    1. Aux âmes bien nées,
      la valeur n'attend point le nombre des années.

      Ces vers de Corneille ne s'appliquent visiblement pas à P.K.P.

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  13. Le bilinguisme collectif des minorités mène à une assimilation lente et toute en douceur mais elle sera inexorable. Je vous invite fortement à prendre le temps nécessaire pour lire un excellent article du linguiste Paul Daoust. Ce linguiste rejoint un peu les propos de Christan Rioux du journal "Le devoir" celui-ci citait le journaliste Étienne Parent qui dès 1839 écrivit ceci:": « L’assimilation, sous le nouvel état de choses, se fera graduellement et sans secousse et sera d’autant plus prompte qu’on la laissera à son cours naturel et que les Canadiens français y seront conduits par leur propre intérêt, sans que leur amour-propre en soit trop blessé. » Le linguiste conclut que la meilleure arme pour éviter cette mort lente c'est de faire du Québec un pays. http://www.lautjournal.info/default.aspx?page=3&NewsId=4415

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    1. Le poète T. S. Eliot a dit:
      This is the way the world ends
      This is the way the world ends
      This is the way the world ends
      Not with a bang but a whimper

      L'assimilation d'un peuple ne s'achève pas par un cri, mais par une plainte. Et pour se plaindre, nous avons un assez bon sac de justifications, bonnes ou mauvaises. Étienne Parent écrivait ce passage lors de la discussion qui se tenait à Londres, suite au Rapport Durham, et qui préparait la rédaction de l'Acte d'Union de 1840 dont l'objectif avoué était l'assimilation de la population francophone du Canada. Et il n'est pas sûr que le libéral Parent n'ait pas souhaité, secrètement, cette fin.

      C'est ce qui étonne beaucoup d'Américains qui, observant l'histoire du Canada et du Québec, se demandent comment l'assimilation ne s'est-elle pas encore accomplie. On dit que la Confédération, par son partage des pouvoirs, a annulé les effets délétères de l'Acte d'Union de 1840. C'est en partie vraie. Mais en partie seulement. L'autre partie résidait dans la foi quasi religieuse dans la langue française comme principal véhicule de la foi catholique sur un continent anglo-saxon et protestant. Non pour nous revendiquer de la France laïque et républicaine, mais de la France d'Ancien Régime, autoritaire et monarchique.

      Mais que représente la spécificité de la langue française en Amérique du Nord aujourd'hui? Un exotisme pour les touristes? Une fierté sans effort puisque «bue avec le lait maternel»? Une opiniâtreté à ne pas s'angliciser malgré les efforts que l'école fait pour faire de nous des bilingues à la naissance? Une langue secrètement haïe parce qu'elle fait de nous des colonisés, des citoyens de deuxième zone, un anachronisme dans un Canada harperien? Une raison afin de permettre aux anglophones du Canada de s'identifier par la négative en faisant du backbashing sur les Québécois pour se dire qu'eux aussi ont leurs Afros et leur Chicanos?

      L'indépendance du Québec, si nécessaire soit-elle, ce que je ne mets pas en doute, ne suffirait pas à sauver l'usage de la langue française si on ne lui accorde pas une importance autre que seulement cette généralité de l'identitaire. Il faut trouver maintenant en quoi elle est véhicule de cette identité. Nos auteurs littéraires ne sont pas lus par les élèves sauf sous pression, ce qui est une bien mauvaise façon de faire aimer une langue! Je m'étonnais toujours, dans les cafés, de voir tant de jeunes gens griffonner des poèmes ou des nouvelles alors que je ne les ai jamais vu lire un livre de poésie québécoise (Baudelaire, c'est bien, mais ce n'est pas québécois), qu'ils ignoraient les grandes pages de l'anthologie de la littérature québécoise, qu'ils ne se souciaient pas plus de comprendre l'évolution de cette langue et de cette culture. Refusant leur héritage, ces écrivains de café n'auront pas davantage d'héritiers, même s'ils publient un jour. Voilà comment la Barbarie finit par s'installer et par triompher dans le 'ournal de Mon'réal, La Presse et même le Devoir. Parce qu'elle ne véhicule plus rien d'autre que le vide, le vide des intelligences exsangues, le vide des esprits pervers, le vide des corps déshydratés. Une langue qui n'est plus que le véhicule du vide est assurément une langue sans avenir.

      Puisque l'indépendance ne semble pas être pour demain, l'urgence de la préservation de la langue française doit se traduire non par des formules creuses et platoniques, mais par une dynamique historique qui commence aujourd'hui, en meublant de contenus et de stylistique ceux qui apprennent à utiliser cette langue avec autant d'ardeur qu'ils en mettent à apprendre l'anglais. Si la langue forge la manière de penser, alors la pensée doit se réapproprier la langue plutôt que la laisser à des émotions hystériques et des sentiments puérils.

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    2. Excusez-moi mais je suis un peu en désaccord avec vous au sujet de votre vision de la culture "québécoise". Le Québec n'est pas né de lui-même, il a un passé très riche. Vos propos me font un peu penser à un certain Léandre Bergeron et à ses semblables comme Michel Tremblay et Victor Lévy Beaulieu. Pour moi la culture québécoise n'a pas beaucoup de sens, tout comme la culture étasunienne d'ailleurs. Je préfère de beaucoup les termes de culture française en Amérique ou de culture anglaise en Amérique. Personnellement je ne suis pas très friand de notre culture régionale mise à part quelques exceptions et heureusement il me semble que ces exceptions se font un peu plus nombreuses... Trop de québécois vivent comme si leur passé n'existait pas. Ils sont tout droit sortis de la cuisse de Jupiter! Pour moi la culture française est un tout, il ya ses différentes composantes , ses différents régionalismes. Ce n'est pas la culture québécoise qui a forgé ma pensée mais celle beaucoup plus lointaine de l'autre côté de l'atlantique. Enseigner notre littérature locale c'est bien , mais enseigner la littérature française , notre raison d'être c'est mieux!

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    3. J'aime bien que vous m'exprimiez votre désaccord, cela permet d'éclaircir ce que je peux laisser d'embrouiller dans ma réponse. Vous parlez des dialectes, je serais évidemment en contradiction avec ma propre «vision» de l'Histoire si je pensais que le Québec est né de lui-même, ce qui est la vision véhiculée dans le système d'éducation et les nationalistes. Si on évoque «nos ancêtres les Français», c'est pour les expédier dans l'oubli aussi vite, alors que pour des Français, évoquer «nos ancêtres les Gaulois», c'est pour réintroduire l'avant-France dans la France contemporaine, une sorte de «France préhistorique». Pour des raisons idéologiques sans doute, mais aussi, au niveau de l'imaginaire, afin de donner un sens de l'unité à l'histoire nationale, ébranlée par l'ignorance qui se propage partout en Occident et le phénomène politico-économique de l'unité européenne.

      Parler de «civilisation québécoise» comme on le faisait dans les années 70 n'a aucun sens, mais parler de culture québécoise, en tant qu'un support d'une «paroisse» nationale occidentale, c'est hautement appropriée, la culture québécoise n'est pas la culture française, ni dans ses modes d'expression (y compris la langue), ni dans ses valeurs, ni dans ses comportements de civilité.

      L'abandon du Canada par le gouvernement royal dès le traité d'Utrecht (1713) confirmé par la Cession de 1763 au profit des îles des Antilles nous a coupé de l'évolution de la culture française qui a été profondément modifiée par la politique linguistique de la Révolution puis terminée par l'uniformisation dans les rangs de l'armée lors de la Grande Guerre de 1914-1918. Les dialectes régionaux, les cultures locales, se sont progressivement intégrées à la culture du bassin de l'Île de France. Notre langue française s'éloignait de plus en plus de cette utopie du Français international, une sorte d'espéranto français (sic!).

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    4. La culture française - et je ne parle pas non plus de «civilisation» française - est une «paroisse» de la civilisation occidentale qui partage une même souche archaïque linguistique, l'indo-européen, véhiculé à travers des vagues successives de migrants «barbares» venus des steppes asiatiques. Les plus vieilles vagues datent du 3e millénaire av. J.-C. Parmi celles-ci, nous trouvons les Achéens qui donneront les Grecs; les Étrusques et les Latins qui donneront les Romains. Ensemble ils formeront la civilisation hellénique. D'autres groupes, les Celtes, les Ibères, les Germains, tout en comportant des structures langagières apparentées recevront des conquérants romains l'écriture et s'assimileront. Ces variantes indo-européennes et les langues vernaculaires qui se sont développées au Moyen Âge donnent la variété des langues actuelles. À la fois «universelles» et «singulières», elle sont la base de la civilisation à laquelle, Français comme Québécois, Britanniques comme Canadiens Anglais, Américains comme Allemands appartenons tous.

      Le terme de culture, issu de l'anthropologie et de l'ethnologie et celui de civilisation issu de l'histoire et de la philosophie ont pour but d'éliminer les racismes. À ce compte, le métissage actuel n'est pas original et tout au long de son histoire, la langue française - et cela, Michelet le reconnaissait déjà au XIXe siècle - est une langue de métissages alors que le nationalisme subséquent a créé l'idée d'une culture fermée sur elle-même. Une telle attitude a rejailli sur le chanoine Groulx qui demandait au bureau de topographie de la Province de Québec de changer tous les noms amérindiens des rivières et des lacs en des noms français afin de nier notre propre métissage avec les autochtones et nous identifier comme des descendants d'une race pure. Il y a des relents de ce refus du métissage culturel nord-américain dans ce que vous écrivez et je ne peux y souscrire - pas plus que le bureau topographique de Québec d'ailleurs!

      Là où je suis pleinement d'accord avec vous, c'est la nécessité objective de remonter au-delà de 1534 dans notre apparentement avec l'histoire de France. Cette histoire est notre «Québec préhistorique» et beaucoup de nos emblèmes et symboles (dont le drapeau du Québec) proviennent des emblèmes médiévaux. De Vercingétorix à Henri IV, nos ancêtres québécois participaient en tant que Français à une histoire qui peut donner une richesse nouvelle à notre identité québécoise en Amérique du Nord et surtout dans le monde multimédia (Roberval, le sponsor de Jacques Cartier qui l'accompagna dans son troisième voyage mourut assassiner, parce que protestant, lors des Guerres de Religion, guerre qui a retardé d'un demi-siècle la colonisation française.)

      Nous ne sommes pas nés de la cuisse de Jupiter, c'est un fait mais la Barbarie, c'est précisément de contribuer à l'oubli pour ne se concentrer que sur le présent, ce qu'il y a d'immédiat à détruire : le penser, la langue, les valeurs éthiques et esthétiques, surtout la conscience critique qui permet d'utiliser et d'équilibrer nos sentiments et nos humeurs. En cela, nous formons une culture vraiment différente de celle de la France - demandez aux Français venus vivre au Québec depuis ces dernières années -, et ce n'est pas qu'une question de compréhension linguistique.

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    5. Mais vous faites une distinction entre la culture et la civilisation. Moi je fais plutôt une distinction entre les différents modes de pensées. La langue française nous apporte une certaine vision du monde, bien sûr il faut qu'elle soit ancrée dans ses origines pour lui donner une certaine profondeur. Pour moi la pensée française dépasse toutes ses particularités qu'elles soient marseillaises, bretonnes , normandes, québécoises etc.

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  14. Excellent texte M. Coupal

    Je partage entièrement votre point de vue et j’ajouterais que le système capitaliste anglo-saxon est fondamentalement un système féodal et qu'inévitablement nous sombrons collectivement dans ce que certains qualifient de Moyen-Âge anglo-saxon, un âge ou nos ploutocrates se sont substitués aux aristocrates d'hier, eux, la nouvelles classes des battants. On le voit de plus en plus dans les pays émergents comme le Brésil et même aux USA avec les « gated communities », ces communautés entourées de murs afin de protéger les bons bourgeois de la menace extérieure que représente pour eux le flot grandissant des nouveaux gueux. La communauté fermée, symbole du capitalisme éhonté est en fait l'incarnation moderne du castel d'hier. Qu'est-ce que le Moyen-âge sinon que l'avènement des barbares au détriment de la civilisation romaine, déclinante certes, mais au moins les romains construisait des aqueducs et des égouts, technologie que nos barbares germains (ancêtres des anglo-saxons) n'ont pas jugée utile et qu'il nous aura fallu 1200 ans avant dans redécouvrir. Contrairement à la plupart des historiens qui essaient depuis des années de nous dorer la pilule médiévale, un âge dont je comprends l’intérêt comme objet d’étude mais qui n’en reste pas moins qu’une régression en termes civilisationnel, et cette régression revient en force aujourd’hui et ses agents comme Samson, ne peuvent que continuer à vomir leur fiel sur ce qu’ils n’ont jamais eu et qu’ils n’auront jamais, une culture dépassant leur simple avidité pour le matériel et leur stricte vision utilitariste de la société. Regarder la liste des « bons » défilée par Samson , des ingénieurs, des médecins, des avocats, pour les barbares comme Samson, seuls ceux qui les soignent, construisent les routes sur lesquels ils circulent ou encore qui débloquent leur toilette trouvent grâce à leurs yeux car ils leurs apportent quelque chose de concret et d’immédiat dans l’assouvissement de leurs besoins, embourbés qu’ils sont dans leurs mesquinerie et leur veulerie morale. Si ce n’était que des barbares comme Samson, l’humanité serait probablement trop conne pour envisager même de peindre des animaux sur le plafond des grottes que nous habiterions certainement encore.

    Sylvain Lavoie

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    1. Il y a des différences structurelles, surtout au niveau des rapports économiques, entre la féodalité et le capitalisme, car si les deux mots signifiaient la même chose, l'un d'eux n'aurait pas à exister. Mais je n'entrerai pas dans ces technicalités. En fait, ce qui survit le mieux de la féodalité dans nos sociétés, en marge du capitalisme moderne, c'est la mafia. Le parrain est un véritable «suzerain», ses clients des vassaux et tout en bas des serfs qui font rouler les magouilles. La présente commission Charbonneau est une entreprise capitaliste visant essentiellement à dénicher et à condamner les féodaux qui minent les règles financières des infrastructures socio-économiques qui faussent le mythe du libre marché et de la «saine» concurrence.

      Les Barbares détruisent une civilisation. Ils prennent les valeurs d'une civilisation et les retournent contre elle. Ce faisant, ils entraînent un «rapetissement» de ses valeurs et de ses institutions. L'empereur devient un roi, le pontife un pape, l'ordre équestre une chevalerie. Ainsi, Michel David porte-t-il une version rétrécie du rêve de Henri Bourassa, même si je ne classerais pas M. David parmi les Barbares, mais je ne peux pas dire que tout le bureau de direction du «Devoir» échappe à ce rapetissement.

      Une civilisation meurt parce qu'elle se porte à elle-même les coups qui la font tomber. L'anti-intellectualisme est une guerre menée à l'esprit, à la pensée critique, à la remise en question des fondements déphasés et le résultat est l'ouverture de postes d'intelligence à des gens qui n'ont pas la capacité de les assumer. L'historien Tacite a assisté à un phénomène semblable à Rome, lors de l'agonie de la civilisation hellénique. Et de génération en génération, on voit le processus s'accélérer jusqu'à ce qu'il atteigne un tel niveau que l'on ne peut plus se cacher la vérité. Alors naissent des Antiquités tardives, des cultures post-modernes, etc. Ces tentatives de ressourcer la Civilisation arrivent plutôt trop tard que tôt et leurs effets sont impuissants à redresser la situation. Voilà les Barbares comme Samson qui tiennent la place qui fut jadis occupée par des Félix-Gabriel Marchand ou des Henri Bourassa.

      Les révoltes comme les présences migrantes ne font qu'achever le travail que les minorités dominantes établies ont entrepris et qui les ont conduites à leur propre fin. C'est un processus lent et souvent laborieux et violent, car la résistance à la mort éveille les derniers sursauts qui se concrétisent en saccage, aussi bien par les partisans d'un nouveau système d'organisation civilisationnel que par la réaction autoritaire qui procède par des actions répressives. Le communisme soviétique et le fascisme ont été les premières démonstrations de ce rapport entre la révolte et la répression. De cette confrontation naîtra donc une nouvelle civilisation basée sur des systèmes nouveaux, des métissages plus ou moins harmonieux mais que le temps finira par inscrire dans les pensées, les valeurs, les cultures. C'est à ce type de charnière que nous arrivons et qui, contrairement aux rêves des dominants, empêche de revenir sur nos pas.

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