jeudi 28 novembre 2013

De ces étranges coïncidences...

À la une : tentative d'assassinat de F. D. Roosevelt et d'A. Cermak

DE CES ÉTRANGES COÏNCIDENCES…

Vous arrive-t-il d'éprouver des sentiments de déjà-vu? D'assister à une scène qui a déjà été vécue, éprouvée? Sans être pénible, c'est quelque chose de dérangeant. Je ne connais pas les raisons de tout cela et les hypothèses apportées par les psychologues sont loin de satisfaire à toutes ces expériences. De même, je n'aurai pas recours aux célèbres «prémonitions» pas plus qu'aux visions et aux phénomènes de prophéties, phénomènes importants dans l'histoire de l'occultisme. Tout au plus, je dirai de ces liaisons dangereuses que ce sont d 'étranges coïncidences qui lient à la fois un phénomène psychique et un événement historique. De ce genre de liaisons, ai-je eu une sensation de déjà-vu en regardant, hier soir, un vieil épisode The Untouchables et un événement qui s'est produit trois ans plus tard, événement de portée historique qui reprend, à quelques détails près, la mise en scène de la fiction télévisuelle.

Le cheminement est assez complexe. Aussi, donnerai-je quelques exemples de ce que j'avance avant d'entrer dans le vif du sujet.

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Un des premiers biographes d'Abraham Lincoln, Ward H. Lamon, se plaît à raconter les signes prémonitoires éprouvés par le Président. C'est de lui qu'on tient le récit du fameux rêve de Lincoln quelques temps avant son assassinat : «Il devait encore faire un rêve prémonitoire qu'il raconta plus tard à Lamon "d'un air pensif". Il avait entendu une vaste assemblée se lamenter comme sous l'effet d'une grande douleur. Ne voyant personne, il avait marché à travers la Maison-Blanche, dans la direction d'où venait le bruit, ce qui l'avait conduit jusqu'au Salon de l'Est. "Là, j'éprouvai une surprise horrifiée. Devant moi il y avait un catafalque sur lequel reposait un corps apprêté pour les funérailles. Tout autour, des soldats formaient une garde d'honneur. "Qui est mort à la Maison-Blanche?" leur demandai-je. "Le Président, me fut-il répondu. Il a été assassiné"» (P. Daniel & A. Horan. Les pouvoirs de l'esprit, Amsterdam, Éditions Time-Life, Col. Les mystères de l'inconnu, 1987, p. 18). Donné comme un rêve prémonitoire, Lincoln étant la victime, son assassinat fut sans doute pour lui, dans la mesure où il put en avoir conscience, lui qui eut le cerveau traversé par une balle, plus qu'une expérience de déjà-vu.

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Ce dont je veux parler se rapproche davantage de ceci. Un écrivain new-yorkais, Morgan Robertson publie, en 1898, un roman-catastrophe Futility. Ancien marin, bon conteur comme tous les marins mais écrivains peinant à la tâche, Robertson aurait éprouvé une sorte de transe de laquelle il aurait tiré le récit. «Son aventure commence en plein Atlantique, au sein d'une brume dense, par une glaciale soirée d'avril. Un luxueux paquebot - longueur 240 mètres; vitesse de pointe : 25 nœuds; puissance 75 000 CV - file dans l'obscurité à la vitesse, excessive compte tenu des conditions atmosphériques, de 23 nœuds. Assis devant sa feuille de papier, Robertson le voit passer sous ses yeux. Il lit, inscrit sur sa poupe le nom Titan. Il voit aussi les canots de sauvetage : il n'y en a que 24, bien trop peu pour les 3000 passagers à bord de cette ville flottante. "C'était le plus grand vaisseau jamais construit par l'homme. Insubmersible, indestructible, il portait le minimum de canots imposé par la loi". Plus loin, il continue : "Une masse de 45 000 tonnes - poids à vide - fonçant dans le brouillard à la vitesse de quinze mètres à la seconde… elle heurta soudain un iceberg… quelque 3000 voix humaines poussèrent des hurlements de terreur…"» (ibid. p. 28). À sa sortie, le roman passe inaperçu, mais en 1912, à la suite du naufrage que l'on connaît, nombreux sont ceux à qui ne manquent pas les similitudes entre la catastrophe toute récente du Titanic et le navire dont il est parlé dans le roman. Même si de nombreux points divergent entre les deux catastrophes, certains voient dans le récit de Robertson une prémonition du drame du Titanic. Les historiens s'en tiennent aux connaissances maritimes de Robertson et abandonnent le reste aux coïncidences bienvenues pour expliquer la version anticipatrice du roman.

Il est toujours amusant de mesurer les similitudes des divergences dans un cas semblable. Les similitudes (toujours troublantes) se ramènent essentiellement aux noms des paquebots qui sont, dans l'un et l'autre cas, les plus grands navires jamais construits et considérés comme insubmersibles. De plus, le fait troublant vient du heurt d'un iceberg un jour d'avril qui envoie par le fond aussi bien le Titan que le Titanic. Côté mensurations du navire, des chiffres coïncident et d'autres divergent. Divergent la longueur des navires (240 m pour le Titan, 271,60 pour le Titanic); le tonnage (45 000 pour le premier, 66 000 pour le second). Coïncident par contre les hélices (au nombre de 3), les mâts (au nombre de 2) et les passagers (au nombre de 3000). D'un autre côté, le titre anglais du roman, Futility suppose chez Robertson un certain désappointement face à l'idée de progrès et à la vanité écrasante que la technique intoxique l'esprit humain, ce qui participe du courant décadentiste de la fin du XIXe siècle. Robertson a-t-il été, comme Lincoln, victime d'une prémonition malheureuse? En tout cas, il est difficile de voir un lien entre le roman, qui passa plutôt inaperçu, et le projet de Joseph Bruce Ismay qui est de 1907. Appartenant à la White Star Line, le Titanic fut conçu par l'architecte Thomas Andrews et sa construction commença en 1909 à Belfast pour se terminer en 1912, juste avant son premier voyage qui fut présenté comme un événement mondain.

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Deux épisodes de la série The Untouchables, série qui raconte les péripéties d'Eliot Ness au temps de la prohibition des années 1930, essentiellement à Chicago, ont pour objet l'attentat dont fut victime le président élu Franklin D. Roosevelt par un nommé Zangara en 1933, peu de temps après son entrée en fonction. Le double épisode est intitulé The unhired assassin (l'expression est difficile à traduire : l'assassin non-loué, les traducteurs français ont choisi : Tueur sans gages). Pour la comprendre, il faut s'en ramener à l'intrigue. Frank Nitti, successeur de Al Capone pendant sa détention, engage des tueurs à gages pour assassiner le maire de Chicago, Anton Cermak (1873-1933), hors ce dernier finit par tomber sous les balles d'un assassin imprévu, Zangara, au moment où il se dresse entre l'assassin et le Président. Zangara, par sa maladresse, sera parvenu à assassiner l'homme qui avait tant coûté d'argent à Nitti en tueurs à gages, assassins défaits par Ness et ses Incorruptibles! Futilité.) Dans la chaîne des coïncidences, cet épisode sert de volet central. Tourné et diffusé en 1960, l'épisode fait référence à un événement historique antérieur, l'attentat de Zangara contre le Président des Etats-Unis. L'épisode en lui-même porte sur les récits parallèles de l'errance de Zangara en quête de satisfaction de sa folie meurtrière et les complots de Nitti visant le maire Cermak. Enfin, la coïncidence majeure aura lieu précisément trois ans plus tard, à Dallas, au Texas.

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Roosevelt venait de succéder au républicain Hoover dont la présidence fut marquée par la crise économique de 1929. L'arrivée du démocrate à la Présidence ne fit pas se résorber la crise pour autant, mais elle était porteuse d'un espoir que le nouveau président allait trouver la solution aux problèmes de millions d'Américains en chômage ou ruminant leurs ressentiments. Parmi eux, Giuseppe (Joe) Zangara (1900-1933), d'origine calabraise, avait servi dans l'armée italienne durant la Première Guerre mondiale dans les Alpes tyroliennes. Il restera 5 années dans l'armée avant d'émigrer, avec son oncle, aux États-Unis, où il s'installe au Maryland. En 1929, l'année de la crise, il obtient sa citoyenneté américaine. Sa constitution physique est malingre. Ce maçon en chômage est un désillusionné de l'aventure dans les Pays Neufs. Comme le rappelle l'historien Schlesinger Jr : Zangara «avait acheté son revolver pour la somme de huit dollars chez un prêteur sur gages de North Miami Avenue. Il souffrait d'un ulcère à l'estomac et le martyre qu'il endurait lui avait fait prendre le monde entier en haine : "J'ai toujours haï les riches et les puissants… J'espérais que j'aurais plus de chance qu'il y a dix ans, en Italie, quand j'ai acheté un pistolet pour tirer le roi Emmanuel… J'ai attendu dans le parc et mon estomac me faisait plus mal que jamais… Je n'ai pas de haine personnelle envers Mr Roosevelt, je hais tous les présidents, quel que soit le pays d'où ils viennent et je hais tous les officiels et tous ceux qui sont riches"» (A. M. Schlesinger Jr. L'ère de Roosevelt, t. 1 : la crise de l'ordre ancien 1919-1933, Paris, Denoël, 1971, pp. 502-503). Comme il est facile de faire d'un psychopathe un anarchiste, Zangara est devenu la pâle imitation de Czolgosz, l'assassin du Président McKinley en 1901. Un court documentaire, assez troublant, nous montre la tentative d'assassinat et les déclarations rapportées ci-dessus par Zangara

Le récit le plus complet de l'attentat de Bayfront Park est donné par le même Schlesinger. L'historien fait d'abord état du climat surchauffé en ce mois de février 1933. Roosevelt venait de passer une dizaine de jours avec des amis sur le yacht du millionnaire Vincent Astor. «Le 15, Roosevelt débarqua à Miami. Dans le crépuscule qui tombait, le président élu se rendit, en cortège officiel, à Bay Front Park où une réception était prévue. Dans l'auto qui le suivait, Vincent Astor et Ray Moley discutaient des risques d'un attentat dans les rues encombrées. Roosevelt, juché sur le dossier de la banquette arrière, s'adressa à la population. Quand il eut terminé, les reporters des actualités lui demandèrent de recommencer son allocution pour eux : F.D.R. refusa poliment, puis se réinstalla sur son siège. Au même moment, Cermak, le maire de Chicago, s'approcha. (Il cherchait à faire sa cour : il n'aurait jamais eu besoin de venir à Miami, notera plus tard Jim Farley, s'il n'avait pas tergiversé avant de donner à Roosevelt les voix de la délégation de l'Illinois après le premier tour de scrutin de la convention.) Puis un homme se présenta avec un long télégramme qu'il entreprit de résumer à Roosevelt. Le président élu se pencha du côté gauche de la voiture pour l'écouter. Soudain, il entendit un bruit qu'il prit pour l'éclatement d'un pétard; d'autres explosions suivirent immédiatement et une mystérieuse tache de sang éclaboussa la main d'un des agents du Service secret. Roosevelt se rendit alors brusquement compte qu'un homme de petite taille, au teint sombre, juché sur une caisse, était en train de décharger frénétiquement son arme dans sa direction. Un hurlement de peur et d'horreur monta de la foule et la voix puissante de F.D.R. s'éleva, dominant la clameur de la panique : "Je n'ai rien! Je n'ai rien!"» (ibid. p. 502).

Cermak s'écroule sur le sol, se tordant de douleur. Quatre autres personnes sont également atteintes. Roosevelt, dans un geste de chevalerie, fit monter Cermak dans sa voiture pour le conduire à l'hôpital. : «Ne bouge pas, Tony, disait-il pendant le trajet à Cermak. Tu ne sentiras rien si tu restes tranquille». Cermak mourut le 6 mars. Dans la voiture présidentielle qui le transportait vers l'hôpital de Miami, il aurait murmuré au président : I'm glad it was me and not you, Mr. President («Je suis heureux que ce fut moi et non vous Monsieur le Président»). Mots qui ont été inscrits sur une plaque commémorative à Bayfront Park. Le même mois, le procès de Zangara fut mené rondement et le 20, après seulement dix jours passés dans le couloir de la mort après le prononcé du verdit de culpabilité et la condamnation à mort, Zangara était exécuté. On raconte qu'en entrant dans la salle d'exécution, il se libèra de ses gardiens en disant : «Je ne crains pas la chaise électrique. Regardez!», puis il marche jusqu'à la chaise et s'y assoit. En regardant les trente témoins qui vont assister à son exécution, il dit: «Pas de film? Où sont les caméras pour me prendre en photo? Bande de truands». Ses derniers mots furent : «Addio au monde entier. Pousse le bouton!»

Ceci complète notre premier volet.

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L'épisode mentionné des Incorruptibles, Tueur sans gages (http://www.youtube.com/watch?v=Y8MdMOPRSCI) reprend assez fidèlement les événements du 15 février 1933. Mais face à ce récit historique, il y a l'intrigue romancière. Frank Nitti, le caïd de Chicago, engage un tueur à gages tireur d'élite pour assassiner le maire Cermak. La série nous présente le maire Cermak, d'origine tchèque (bohémienne), comme un fonctionnaire intègre qui refuse la corruption. La vérité n'est pas si sûre. Qu'importe! Le portrait du maire est celui d'un idéaliste qui voue sa vie à ses concitoyens et se montre prêt à accepter les risques de sa fonction lorsqu'il rappelle à Eliot Ness qu'il n'a pas l'intention de passer sa vie entouré de gardes du corps et qu'il doit affronter son destin si tel doit en être le prix. Bref, Cermak est présenté plus comme un doppelgänger de Roosevelt qui, après l'attentat dont il venait d'être victime, passa la soirée au yacht à continuer ses activités comme si rien n'était jusqu'à ce qu'il aille se coucher à 2 heures du matin.

Dans la fiction, Nitti engage donc un tireur d'élite, ancien snipper dans l'armée en temps de guerre (17-18), Fred "Caddy" Croner. Celui-ci se retrouve donc à Miami, traînant un sac de golf contenant son arme de pointe. La scène-choc se retrouve lorsque Croner, vêtu en golfeur, se promène devant l'estrade où doivent être installés les invités de marque dont la cible, Anton Cermark. C'est alors que Croner tourne la tête, cherchant l'endroit où il pourrait se nicher et atteindre sa cible de longue portée. La caméra suit son regard et tombe sur un building assez laid, un hôtel de plusieurs étages, le Belle Byscane. Croner se rend alors louer une chambre d'où il pourra s'installer et, avec une lunette de précision, assassiner Cermak. Évidemment, Ness et ses Incorruptibles interviendront à temps et abatteront Croner et ses complices. Pour l'heure, la vie de Cermak est sauve. Quelques instants plus tard, Zangara commet l'irréparable. Roosevelt est sauf, mais Cermak tombe dignement (on ne montre pas qu'il se tord de douleur par terre) et est soulevé jusqu'à la voiture du président.

Le portrait de Zangara est assez fidèle. Malingre, se plaignant de douleur à l'estomac, ruminant ses rancunes, il apparaît bien moins comme un anarchiste que comme un psychopathe délirant. Mu par une obsession de meurtre, il achète son pistolet à huit dollars et essaie de se frayer un chemin dans la foule des 10 000 spectateurs devant l'estrade. Victime des injustices de ce monde, la haine de Zangara cible les riches et surtout les présidents. Le meurtre de Cermak sera donc accompli, par ironie, par un chômeur déclassé et non l'un de ces tueurs à gages chèrement payés.

Ceci complète notre second volet.

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Le troisième volet, on l'aura deviné, concerne l'assassinat du président John F. Kennedy, le 22 novembre 1963, à Dallas. Ce que le scénario de The inhered assassin ajoute à l'authentique attentat du 15 février 1933 donne comme résultat un effet aussi étrange que celui de la lecture de Futility après le naufrage du Titanic ou le rêve de Lincoln après l'assassinat. D'autant plus qu'une astrologue très prisée, Jeane Dixon, avait prédit ce qui semblait être le drame de Dallas. Dixon était près des Kennedy et il faut croire que la brutalité de l'assassinat du président ait précisé sa prémonition. Quoi qu'il en soit, l'épisode des Untouchables reste bien présent dans le déroulement des événements.

Joe Mantell, l'interprète de Zangara, affiche la silhouette de celle qu'exhibera Lee Harvey Oswald à travers ses photographies. Malingre, la tête un peu grosse, le regard sombre, Mantell aurait très bien pu jouer Oswald dans une dramatisation des événements de novembre 1963. L'hôtel Belle Biscayne évoque également la silhouette de l'entrepôt de manuels scolaires, édifice qui marque la mémoire des Américains autant que la Statue de la Liberté ou l'obélisque de Washington. Ce massif bâtiment, érigé à distance de Bayfront Park, devient pour Croner l'endroit parfait pour dissimuler l'une arme de pointe. Il en sera ainsi de l'entrepôt de livres par rapport à Dealay Plaza où fut atteint Kennedy. Le fait que Croner soit l'homme de la mafia rappelle com-
ment, Jack Ruby, le lendemain de l'assassinat de Kennedy, tua à bout portant, devant les caméras, le présumé assassin Lee Harvey Oswald. Ruby, tenancier de boîte de nuit, venait de la Louisiane (comme Croner de New York) et était en relations avec des membres influents de la mafia.

Des ponts s'établissent ainsi entre l'épisode des Untouchables, The unhired assassin et le crime qui devait survenir trois ans plus tard. Il ne s'agit pas ici d'affirmer que cet épisode ait servi de modèle à un quelconque complot visant à assassiner Kennedy. Il s'agit seulement de dire que des sentiments pour le moins troublants naissent lorsqu'on visionne aujourd'hui cet épisode (ce qui n'était pas le cas jusqu'en 1963) et la coïncidence qu'il évoque avec les événements de Dealay Plaza.

Ceci complète notre troisième volet.

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Le jeu des coïncidences a été abondamment utilisé peu après l'assassinat de Kennedy, le ramenant à l'assassinat de Lincoln, un siècle plus tôt. En France, on en fit même une chanson qu'interprétait Serge Reggiani, Un siècle après :

Le secrétaire d'Abraham Lincoln, qui s'appelait Kennedy
Lui conseilla: "Au théâtre, n'y allez pas vendredi"

Un siècle après un autre Lincoln au président Kennedy
Déconseilla de se rendre à Dallas ce vendredi
Abraham Lincoln au théàtre par derrière est abattu

Comme soi-disant auteur du crime John Wikes Booth est reconnu
Un siècle après à Dallas en pleine rue Kennedy fut tué

Un nommé Lee Harvey Oswald du forfait est accusé

 Abraham Lincoln fut élu président
Abraham Lincoln en l'an 1860
John Fitzgerald Kennedy fut élu président
John Fitzgerald Kennedy en l'an 1960


John Booth, assassin de Lincoln, avant même d'être jugé
Par la main de Corbett Boston comme sa victime fut frappé
Oswald n'eut pas plus de chance, à bout portant il fut tué
On dit que c'est par vengeance que Jack Ruby se fit justicier
Le fils du président Lincoln du mort brûle certains papiers
Qui compromettaient un homme du gouvernement dernier
Un siècle après Bob Kennedy de son frère brûle le courrier
Pour raison d'état en somme, des noms s'abstient de citer


Andrew Johnson, successeur d'Abraham Lincoln
Andrew Johnson naquit en 1808
Lyndon Johnson, successeur de Kennedy
Lyndon Johnson est né en 1908


On peut, je crois, se demander, si ces faits nous comparons
Des deux actions laquelle est de l'autre la répétition
Apprenant la mort de Luther King, à l'esprit l'idée nous vint
Que pendant ce nouveau crime on répétait les prochains
 

La morale de la chanson est simple : l'Histoire se répète et l'assassinat récent de Luther King appelle presque déjà celui, quelques mois plus tard, de Robert Kennedy, qui n'avait pas encore été assassiné au moment de la rédaction des paroles de la chanson. Quoi qu'il en soit, des gens se sont amusés à rédiger des listes de coïncidences que des esprits sceptiques ne tardèrent pas à mettre en miettes non avec une certaine satisfaction sadique.

Les noms de Lincoln et de Kennedy contiennent chacun sept lettres. Ce qui est vrai à condition de ne pas tenir compte des prénoms.

Lincoln fut élu au Congrès en 1846 et Kennedy en 1946. Mais Lincoln était du Sénat alors que Kennedy était de la Chambre des représentants.

Lincoln fut élu président en 1860, Kennedy en 1960.

Lincoln et Kennedy furent tous les deux impliqués dans la défense des droits civils [des Noirs]. Lincoln finit par abolir l'esclavage - qui n'était pas dans son programme électoral -, tandis que Kennedy travailla à ce que les Droits civils soient pleinement reconnus aux Afro-américains. Ni la ratification du 13e amendement de la Constitution abolissant l'esclavage pas plus que celle du Civil Rights Act ne furent accomplis du vivant des deux présidents. (18 décembre 1865; juillet 1964).

Mary Todd Lincoln et Jacqueline Bouvier Kennedy perdirent chacune un enfant alors que le couple présidentiel résidait à la Maison-Blanche. Les deux bébés étaient des garçons, mais là s'arrêtent les coïncidences. William Wallace Lincoln mourut de fièvre typhoïde tandis que Patrick Kennedy était un enfant prématuré.

Lincoln et Kennedy furent assassinés un vendredi, mais l'agonie de Lincoln se prolongea jusqu'au lendemain matin. Il est vrai que Lincoln fut blessé en soirée tandis que Kennedy le fut peu avant midi.

Tous deux furent assassinés par derrière d'une balle dans la tête. Mais, là encore, si la balle de Oswald qui frappa Kennedy dans le cou pour sortir par la gorge, c'est la balle tirée de devant - celle parfaitement bien saisie par le film Zapruder et qui montre que l'impact se fait par le devant de la tête avec projection de sang par en avant et poussée de la calotte crânienne par derrière, - c'est bien cette balle qui fut fatale au Président.

Tous les deux furent assassinés en présence de leur épouse qui se tenait à côté d'eux. On pourrait ajouter qu'il y avait un autre couple dans la loge des Lincoln,  Henry Rathbone, qui eut le bras déchiqueté en essayant de désarmer Booth, l'assassin, tandis que le sénateur Connaly du Texas, qui était assis à l'avant de Kennedy, eut le bras traversé par une balle.

Booth et Oswald venaient des États du Sud.

Les deux assassins furent tués (l'un par une rafle de policiers, l'autre par un tireur isolé) avant d'être jugés.

John Wilkes Booth et Lee Harvey Oswald sont connus sous leur patronyme complet et comportent le même nombre de lettres : quinze.

Booth était né en 1839, Oswald en 1939 (une rectification abolit cette coïncidence puisque Booth était bien né en 1838.

Booth tira sur Lincoln dans un théâtre et se réfugia dans un entrepôt (en fait, une grange) où il fut cerné et tué. Oswald tira d'un entrepôt et se réfugia dans un théâtre (un cinéma), mais après avoir tué un officier de police, l'agent Tippit.

Le théâtre où Lincoln fut assassiné s'appelait le Ford's Theater. La voiture dans laquelle Kennedy fut assassiné était une Lincoln… fabriquée par Ford!

Contrairement à ce que dit la chanson, le secrétaire de Lincoln ne s'appelait pas Kennedy mais Nicolay, tandis que la secrétaire de Kennedy s'appelait Evelyn Lincoln.

Les successeurs de Linoln et Kennedy s'appelaient tous deux Johnson, Andrew et Lyndon Baines et étaient tous deux du Parti démocrate et venaient tous deux du Sud.

Andrew Johnson était né en 1808 tandis que Lyndon Baines en 1908, et tous deux moururent dix ans après les présidents respectifs qu'ils remplaçaient.

Les noms des deux successeurs comportent en tout treize lettres chacun.

D'autres coïncidences - jusqu'à 202! - ont été repérées depuis l'apparition d'Internet. Souvent elles sont plutôt erronées, voire tout simplement farfelues. Notons que…

Stephen Douglas, le démocrate concurrent de Lincoln battu à l'élection présidentielle de 1860, était né en 1813, tandis que Richard Nixon, concurrent républicain de Kennedy battu à l'élection présidentielle de 1960, était né en 1913.

La semaine précédant son assassinat, Lincoln était à Monroe dans le Maryland. La semaine précédant son assassinat, Kennedy était en compagnie de Marilyn Monroe. (Plutôt farfelu, puisque Marilyn Monroe était morte depuis le 5 août 1962 et qu'il n'existe pas de ville nommée Monroe dans le Maryland).

Robert et Edward sont les prénoms de deux des fils de Lincoln (Robert Todd Lincoln (1843-1926) et Edward Baker Lincoln (1846-1850)), et de deux des frères de Kennedy (Edward et Robert Kennedy).

Plus on veut rajouter de coïncidences plus ces dernières apparaissent comme tirées par les cheveux et, en fin de compte, purement insignifiantes.

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Il est bien évident que le type de coïncidence dont je parle se distingue de ces jeux puériles bien que troublants. Nous savons que les Américains adorent la mise en scène des événements publiques, ainsi cette photo montrant Zangara recouvert d'une serviette et maintenu par deux policiers dont l'un braque son arme vers lui. Douloureuse ironie. La véritable question est la suivante : existe-t-il un rapport d'influence, même indirecte, entre les événements de Dealey Plaza et le scénario de The inhered assassin? A-t-on pris le scénario de la télésérie pour s'inspirer du canevas du complot - car c'en est bien un, un coup d'État comme je l'ai expliqué ailleurs - ou bien sommes-nous devant une coïncidence vraiment étrange, semblable à cette inspiration qui défila dans l'esprit du marin Robertson lorsqu'il rédigea son roman sur le Titan dans Futility?⌛

Montréal
27 novembre 2013
              

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