lundi 30 septembre 2013

Ce que devrait être la charte de la citoyenneté québécoise


Manifestation contre la Charte des valeurs québécoises 29/09/13

CE QUE DEVRAIT ÊTRE LA CHARTE DE LA CITOYENNETÉ QUÉBÉCOISE

Nous sommes à nous crêper le chignon pour une Charte des valeurs québécoises qui n’est en fait qu’un document administratif qui n’avait pas besoin d’être lancé parmi la population. Mais une fois cette bévue accomplie, nous voyons sortir le «pus» un peu partout de la Province de Québec. Pour ceux affectés par le syndrome hérouvillois, rien de nouveau sous le soleil depuis la rigolade que fut la Commission Bouchard-Taylor patronnée par les Libéraux. La paranoïa, l’idée de «l’invasion étrangère», les voleurs de jobs et les terroristes en action occulte hantent les cauchemars des gens de province. Pour ceux qui sortent des sépulcres blanchis, toutefois, nous entendons pour la première fois s’exprimer, haut et fort, la parole immigrante. Avec eux, qui s’occupent à faire de l’argent et des bébés comme nous autres jadis à l’époque de la «revanche des berceaux», sommes-nous en train d'assister à la «revanche des poussettes»? Cette charte, dans le fond plutôt banale, éveille les vieilles rancunes envers la Religion, mais aussi envers les Québécois de la part de ceux qui tiennent à leurs affreuses barbes et aux différents types de voiles dont les femmes sont attifées. Cette confrontation hystérique nous permet de véritablement saisir ce que cette «minorité silencieuse» pense effectivement de leur société d’accueil, surtout des gens qui la composent, et ce pays qu’ils ne reconnaissent pas comme leur mais comme un compartiment d’un ensemble plus grand – le Canada – avec lequel ils peuvent jouer contre les revendications des citoyens québécois. C’est ce qui ressort de ces manifestations monstrueuses (mais non monstres) qui font de nous, Québécois, des suppôts de l’intolérance.

Bien sûr, à Paris, ces mêmes groupes manifestaient contre le mariage gay. Au nom de la famille, des mœurs saines, de la protection des enfants, du droit naturel, différents conglomérats religieux : catholiques, protestants, juifs, islamistes ou autres, scandaient les pires slogans haineux et intolérants qu'on avait entendus depuis longtemps. De cette engeance, qui se fait le supporteur du capitalisme le plus sauvage et l’avidité économique la plus abêtissante, s’élève aujourd’hui au Québec le glaive contre la laïcité de l’État et un Être au monde qui relativise la religion. Ces manifestations sont de la même nature.  Découvrant ce pouvoir d’intimider la société en générale ou de la prendre en otage par un chantage affectif insidieux, ce n’est là qu’un premier pas pour mettre les mœurs québécoises au pas. Il se dégage un sourd antagonisme qui ne peut que prendre de l’ampleur, tant nous n’avons pas veiller au grain par le passé. Et si ce grain ne meurt, nous risquons assez vite de voir la mauvaise herbe pousser dans les consciences coupables des Québécois «d’avoir trahi leur passé catholique». Derrière les justifications idéologiques patrimoniales brandies par le ministre Drainville pour justifier la présence du crucifix à l’Assemblée nationale, il y a cette menace qui pointe.

En France, tant que la religion catholique dominait, les autres religions étaient maintenues dans la marginalité, voire la persécution. Elle condamnait du même souffle la liberté de conscience et d’expression. Lorsque la République a décidé de laïciser les services publiques, l’éducation, les hôpitaux et les services de charité sont passés sous la tutelle de l’État laïque. La Religion, persécutrice d’hier devenant «persécutée» à son tour, s’est mise à exiger comme fondamentale la liberté de la pratique religieuse! Hypocrisie bourgeoise des chapeaux rouges et des soutanes mauves. Pensez-vous que demain si nos musulmans, nos juifs, nos catholiques devenaient ou redevenaient possesseurs du pouvoir qu’ils n’exerceraient pas le gouvernement selon les principes d’une théocratie, la victorieuse éliminant ses concurrentes et imposant sa dictature morale à la population en générale, comme nous le voyons présentement en Iran? C’est beau, en effet, de voir ces centaines de tous-couleurs inclus dans le «Rassemblement des citoyens engagés pour un Québec ouvert» défiler par les rues de Montréal, ce dimanche ensoleillé d’automne du 29 septembre 2013. Ce l’est moins lorsqu’on les voit, excités par un philosophe de réputation mondiale, Charles Taylor, aveuglé par l’idéologie néo-libérale du multiculturalisme, affirmer que la Charte des valeurs québécoises est un premier pas vers l’intolérance. C’est à peine s’il en appelle pas à une laïcité multireligieuse.

De nouveaux petits coquins (les Juifs) se rajoutent (et non se mêlent) aux vieux cathos, aux musulmans (dont les femmes, hystériques comme toujours, brandissent devant elles leurs armes de destruction massive – i.e. leurs cheaps poussettes à bébé achetées au Village des Valeurs, leurs maris, moins visibles, cachés derrière leurs larges jupes et servant de ventriloques), les «Fédérastes› pistonnés par le Parti Libéral du Canada (qui doit affronter prochainement un scrutin partiel dans un comté peuplé en grande majorité d’immigrants) et la jeunesse inclusive qui est prête à tout inclure tant elle n’a pas idée de ce qu’elle est prête à se faire passer. Sans critique, sans prise de distance, sans respect d’elle-même ni des autres. C’est beau la naïveté et la fraîcheur de la jeunesse, mais pas l’imbécillité ni l’autisme générationnel de l’indifférence à la vie. Oui, tout cela est bien beau et devrait exciter mon cœur cosmopolite. Mais, ce que j’y vois, ce que j’y entends surtout, ce sont des cris de mépris, voire de haine à notre égard, à mon égard. Et ça, je ne peux l’accepter.

C’est cette «pousseuse voilée» qui crie, déchaînée, ce qu’elle considère, comme une bonne partie des communautés musulmanes intoxiquées par ces roués qui, pour les flatter, le leur répètent à satiété, que «le Québec sans nous, c'est rien». A-t-elle raison? Trois siècles de vide existentiel l’autoriserait-elle à dire que ce sont ces immigrants, amenés par barges par nos capitalistes avides et nos professionnels paresseux, qui feraient vivre notre tabula rasa géographique? «Protégez-nous des Québécois de souche», était-il écrit sur une de leur pancarte, une semaine plus tôt, lors d’une manifestation semblable à Québec. Sommes-nous si toxiques que ça, nous qui sommes nés ici, sur ce sol ingrat, austère, peuplé de mirages? Nous, les fils et descendants de ceux qui ont trimé durs durant ces trois siècles pour rendre ce sol vivable, cultivé, nourissier, habitable été comme hiver, et qui reçoivent ces nouveaux arrivants sans contraintes et autorisés d'accès à nos services sociaux administrés par l’État. Ces régénérateurs de la morale sociale de ces décadents, que nous sommes, qu'ont-ils endurés pour mériter ce privilège de nous donner des leçons? Ont-ils eu besoin de traverser l'océan sur de rafiots rongés par la moisissure et la vermine pour arriver jusqu'ici, ce qui rend les containers interlopes de véritables petits transat? Ont-ils eu besoin de défricher le sol à la sueur de leur front, essoucher les arbres, construire de frêles maisons de bois mal chauffées pour survivre à des hivers de -20º C? Ont-ils eu à sans cesse réclamer des compagnies et du gouvernement colonial les instruments aratoires pour parfaire la colonisation du territoire? Ont-ils été victimes des Autochtones souvent cruels et peu amènes envers les étrangers? Sont-ils morts de faim, de soif ou de maladie en se rendant chez un médecin ou le curé? Pour peu, on croirait que ce sont les Québécois qui sont étrangers sur leur propre terre!

Certes, ils sont en droit, comme tous Québécois d'ailleurs, de se plaindre de l'État provincial. Un État sans doute byzantin comme le sont tous les États. Un État submergé par sa quantité de formulaires, de paperasses, de policiers brutaux et insolents, mais dans quel pays trouveraient-ils meilleur accueil?  «Nous sommes tolérants jusqu’à la bêtise» disait Pierre Bourgault, et c’est vrai. La réaction naturelle de ces immigrants, c’est que nous sommes plus colonisés qu’eux encore. Des larves paresseuses et immorales qui ne survivraient pas sans tous ces dévots de Ganesha, de YHWH, d’Allah, d’un Jésus tantôt Christ-Roi, tantôt tit-pâtira de plâtre sur sa croix de bois? Persécution haineuse nazie qui interdirait de brandir ces «signes ostentatoires» dans un bureau de Loto-Québec où la foi du charbonnier se joint au financement légal des services publics que tous ces immigrants ont vite repérés en arrivant, avant même de savoir parler français et de savoir qui même nous étions? Voltaire, celui qui nous a méprisé avec ses «quelques arpents de neige», verrait sans doute cela avec son œil ironique et malicieux. «Je vous l’avais dit qu’il n’avait rien de bon à tirer de ces vastes et mornes contrées sinon que des troupeaux de bigots et de sauvages». Cette marche du 29 septembre lui donnerait parfaitement raison.

Disons-le carrément. Tous ces joyeux inclusifs partagent une chose en commun et dont ils n’ont pas parfaitement conscience : la crainte devant la naissance de l’Être existant pour soi et par soi au Québec. Ce qui existe partout ailleurs et les confronte – en Angleterre, en France, aux États-Unis, en Allemagne, etc. – et qui n’existe ici que sous le mode colonisé et aliéné à l’Autre. À tout Autre : À l’Autre français d’abord. Puis à l’Autre britannique. À l’Autre canadien. À l’Autre romain. Maintenant que l’Autre migrant se lève et s’arme de sa croisade superstitieuse, voulant ne pas être laissé pour compte devant les manifestations de ce réveil identitaire, il se braque, instinctivement. Entrer au Canada, ça ne cause aucun problème puisque la nation canadienne est constituée d’électrons libres qui ne parviennent à former un tissu réel, organique. Elle se fondrait en moins d’une génération si elle était absorbée par sa voisine américaine. Entrer au Québec, c’est autre chose. Il y a là un tissu organique longtemps tricoté serré et dont les mailles tendent rapidement à se défaire. Chaque trouée est vite pénétrée par les partisans du fédéralisme dont les immigrants servent de bélier pour imposer la norme du Non-Être canadien que favorise l’économie néo-libérale. L’isolisme du chacun pour soi contre tous.

Mais il arrive parfois, comme un orage inattendu, qu’un courant de choc non voulu traverse le ciel serein du mouroir québécois. Pendant trois siècles, nous n’avons été qu’un Étant sans existence autrement que subie. Autant dire, un «étang». Le Québec? Une immense swamp peuplée d’insectes marécageux, bouillon de «cultures» malpropres, contagieuses, transmettant le scorbut, le typhus, les fièvres malignes de toutes sortes soignés au sirop Lambert, à la petite politique des corrompus et à la bondieuserie catholique. De ces remèdes qui nous ont maintenu dans la «pose cadavérique» pendant tout ce temps, nous réagissons, comme un sursaut devant la phase finale de l’agonie : la disparition du français devant l’anglais; la coagulation immigrante autour de la métropole, Montréal; la dépopulation des régions et surtout la désertion des jeunes… Québécois «de souche», nous saisissons que nous sommes devant ce que mon ami, Michel Bélisle, retient sous la formule : «Le néant nous rejoint tous de l’intérieur». Face à cette révélation existentielle horrifiante, deux choix s’offrent à nous. Régresser dans les voies traditionnelles (le «splendide isolement» québécois, le culte fétiche des valeurs du passé, l’intolérance face à ceux qui dérogent aux règles morales strictes basées sur le droit naturel prêché à la fois par l’Église et par l’État baroque; régresser dans le religieux surtout, se vautrer dans une haine de soi masochiste, orgueilleuse, vaniteuse, entretenue sournoisement depuis toujours par les vieux maîtres), ou participer à une maïeutique de l'Existence qui serait pratiquée par un Socrate, meilleur philosophe que ne l’est M. Taylor. En tout cas, ce ne sont pas ces immigrants qui peuvent nous libérer de notre haine de soi, tant qu’ils contribuent à l’alimenter directement (par les accusations vicieuses et indécentes proférées par ces «Québécois ouverts») qu’indirectement (par le fantasme de culpabilité propre à ce que Pascal Bruckner appelle les sanglots de l’homme blanc et que nous nous approprions, face à la problématique amérindienne par exemple). Nous ne devons. Nous ne pouvons demander aux autres ce que nous devons et pouvons faire que par nous-mêmes et pour nous-mêmes.

La charte des valeurs québécoises n’est qu’un document administratif mis de l’avant par un gouvernement timoré et lui-même inquiet depuis le printemps québécois, qu’un Être nouveau naisse sous les cendres de l’étant brûlé par ses propres émanations de méthane. Feux follets. Il est temps de refuser et non plus de refouler les insultes, les injures, les mépris, même ceux que nous nous portons à nous-mêmes. Voilà à quoi servent ces démonstrations pitoyables, tant d’un côté que de l’autre. Du mal peut naître le bien, et le bien commence par se faire respecter de ceux qui sont d’abord nos invités, puis nos concitoyens.

Une véritable Charte de la citoyenneté québécoise veillerait à faire respecter non pas des clauses, des applications partielles (égalité hommes-femmes), mais des principes de base auxquels tous citoyens nouvellement arrivés devrait se soumettre.

1e La reconnaissance spécifique du droit civil français, avec toutes ses clauses qui sont la base des lois de la Province de Québec.

2e L’apprentissage obligatoire et suivi, pour ceux qui ne l’ont pas, de la langue française.

3e Le respect appliqué, sous peine de sanctions, du français langue de travail.

4e L’apprentissage obligatoire et suivi de cours sur la géographie, l’histoire et les cultures au Québec.

5e La reconnaissance du droit criminel britannique.

6e La sanction d’expulsion du Québec si ces préceptes ne sont pas suivis, s’ils sont bafoués, méprisés ou contournés d’une manière ou d’une autre.
7e La rétroaction de ces mesures pour tous les immigrants au Québec depuis 1990.

Si la Charte des droits et libertés est octroyée à toutes personnes résident au Québec, il y a des devoirs que cette Charte devrait imposer, comme elle le fait si généreusement pour les demandeurs d'aide sociale. Jusqu’à présent, ces devoirs se limitaient au stricte minimum par rapport aux avantages sociaux que procurent le fait d’être résident et citoyen. Bien des pays ne donnent pas le tiers de ce que nous offrons, et nous devons en être fier. Ne pas rogner la Charte des droits et libertés (y compris en matière religieuse), mais revendiquer, demander et exiger des devoirs qui sont à la base d’une égalité commune de respect entre les individus et les groupes culturels. Ces gens qui ont quitté leurs pays respectifs vivent dans un nouveau pays auquel ils doivent participer. Ce ne sont pas des Algériens vivant au Québec, des Marocains vivant au Québec, des Haïtiens vivant au Québec, des Chinois vivant au Québec. Ce sont des Québécois, peu importe leurs origines, et ce fait doit désormais passer avant tout autre. Ce n'est pas à nous à passer des examens d'histoire de l'Algérie, du Maroc, de Haïti ou de Chine pour être en état d'accueillir les immigrants! Si cette réalité ne leur convient pas, il y a d'autres provinces au Canada qui seraient heureuses de les accueillir (je pense aux Maritimes, par exemple). Sinon, le reste de la planète leurs appartient tout autant.

Le multiculturalisme, c’est le rêve du Salade bowl, dans lequel chacun vit isolé sur son quant-à-soi. L’interculturalisme n’est qu’un autre nom donné au melting pot américain où les «tribus» co-habitent ensemble sans se toucher, autrement que lors des confrontations pour le Mundial. Ce ne sont-là qu'utopies pour des anges vivant dans des tours d'ivoire universitaires. Et les hommes, si religieux soient-ils, ne sont pas des anges. Ce sont de mauvais modes d’adaptation à la modernité migrante. Nous devons donc imposer ce respect qui nous est dû et qui nous est refusé par un grand nombre d’immigrants que nous avons reçus dans notre sein. Contre une charte moumoune de valeurs québécoises – qui sont en fait les valeurs occidentales actuelles -, il faut une charte qui aura des dents et qui obligera les mal-pensants à y penser deux fois avant de nous cracher à la figure. Le temps de se laisser-faire est passé.

Montréal
30 septembre 2013

8 commentaires:

  1. Fort bien envoyé ces deux textes à propos de la charte» et des réactions qu'elle suscite. Le projet du PQ est certes maladroit et symbolique plus qu'autre chose, mais je n'ai d'autres choix que de l'appuyer. Les débats entourant cette charte sont ausi des révélateurs sociaux et politiques intéressants. Je suis déçu de la gauche genre NPD et surtout Québec Solidaire qui ont au sujet de la charte un discours de moumoune angélique. Je suis déçu tout autant de la prise de position de la Fédération des Femmes du Québec qui omet de bien voir la poutre énorme qui se trouve dans son oeil.
    Daniel

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  2. À ce Papitititi qui disait que souvent tes écrits étaient trop longs, voilà un article dont chaque phrase est importante et pertinente. Ce n'est pas que le Ph.D en histoire qui est blessé, mais l'homme Coupal avant tout. Tous les Québécois et Québécoises qui ont une idée de ce qu'ont enduré nos ancêtres savent de quoi tu parles. La misère noire. Sainte-Misère priez pour nous que disait Donalda, femme de Séraphin Poudrier. Et en 300 ans on s'est sorti de cette politico-religion pour la majorité ? Quel rapidité surtout depuis 1960 sauf erreur. Pour les gens de notre génération qui avons connu le petit catéchisme, avoir répudié tout ça ! C'est pas rien. Je suis fière de nous mais ce n'est qu'un début. Continuons le combat qui disait.

    Chaque ligne ici est à souligner en ROUGE.

    Un cri du coeur que j'ai bien entendu. Ça me ravive car souvent entre tous les droits à respecter, je ne sais plus sur quel pied danser. Il n'y a pas que les droits, il doit y avoir des obligations et des responsabilités qui s'en suivent.

    Ta Charte de la citoyenneté québécoise me convient parfaitement.

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  3. Les gens qui trouvent le ton méprisant de cet article ne se posent jamais la question à savoir si cette situation, ces déclarations ne sont pas d'abord «méprisables». Je pense à cette religieuse âgée qu'un ami m'a dit avoir entendue à la radio rappeler comment le retrait du voile avait été pour elle une libération, tant ce voile portait le symbole de la puissance autoritaire et du mépris envers les autres. C'était un voile lourd à porter et qui la plaçait dans «un monde à part», distant et privilégié face à la société ambiante. Ces femmes voilées hystériques savent bien que ce signe de puissance est la contre-partie des barbes masculines. Porter un voile islamique, c'est se hisser à part (sinon au-dessus) de la société d'accueil et en même temps nier sa personnalité collective. Que, comme disait Freud, ces poussettes avec bébés sont leur «pénis» et qu'elles se sentiraient dépourvues de cette puissance anthropologique si leur voile venait à tomber pour laisser la femme émerger derrière sa personne sociale. Elles se sentent menacer sans rien comprendre que la charte ne considère que les fonctionnaires d'État et non l'ensemble de la population, tant elles tiennent à conserver ce pouvoir symbolique, ce que les féministes empathiques se refusent à reconnaître. Qu'une organisatrice de Québec Solidaire dans le comté Sauvé-Bourassa, Dalila Awada, se rende sans nommer son parti, à «Tout le monde en parle» pour tenir tête à Djemila Benhabib ouvertement associée au P.Q., on se demande où crèche le néo-féminisme libéral? Comment peut-on promouvoir à la fois, l'émancipation des femmes et considérer le port du voile et autres «signes ostentatoires» qui indiquent la domination sociale sur la personne comme une marque de liberté individuelle? Structurée à l'éclatement avec toutes ses orientations contradictoires, la gauche «pète» de partout comment le refus de la hiérarchie des priorités conduit au pur délire schizophrénique.

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  4. Ce à quoi j'adhérais : qui sommes nous pour dire à une minorité de femme quoi faire ? N'est-ce pas les rendre encore plus vulnérables que de leur enlever leur voile, par exemple, contre leur gré, elles qui sont déjà vulnérables à cause de leur exploitation par la religion et leurs maris ?

    Où est la ligne entre l'Islamophobie et vouloir réellement leur bien ?

    Mais depuis cette parade en poussettes achetées au VV comme tu mentionnes, avec leur slogan, j'ai senti beaucoup de mépris et suis moins encline à les respecter. Ton texte m'ouvre encore plus les yeux.

    Je ne me définis pas de gauche , seulement en ce qui concerne le féminisme. Je ne crois pas que l'on puisse être à moitié féministe. C'est tout ou rien. Sinon on n'avance pas.

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    1. Ce n'est pas exactement «vouloir leur bien», ce qui est «paternaliste» de notre part et l'erreur des féministes pro-voiles; la question est que ce voile ne leur donne aucun mérite en soi, ce qui est le mensonge que je dénonce dans l'intervention précédente.

      J'ai été soigné à l'hôpital par une infirmière qui portait le niqab. C'était une jeune fille aimable et empathique. Je me sentais aussi bien avec elle qu'avec n'importe quelle infirmière «laïque». C'était son art de soigner qui faisait son mérite et non son niqab. Mais si elle avait été juge du ban de la Reine, c'eut été autre chose car l'autorité qui est laïque, celle des lois issues de la Charte des droits et liberté de même que le vote démocratique (quoi qu'on en pense), rend le pouvoir temporel nettement séparé du pouvoir spirituel.

      La vraie question du crucifix à l'A.N. repose précisément sur cette distinction. Duplessis voulait que ses lois soient sanctionnées par une association avec le Sacré. Or ce n'étaient que des lois civiles et criminelles et non des lois religieuses (la Charia). En cela, c'est un malaise, pour une société laïque, de se voir coiffer d'une sacralité qui a déjà été déplacée du domaine publique au domaine privé, et c'est ce qui s'est passé durant notre génération.

      D'un autre côté, pour quelqu'un d'authentiquement chrétien (et pas nécessairement catholique), se disputer, voter des lois tendancieuses qui frôlent souvent les injustices sociales sous le regard de Dieu, en prenant Jésus mourant sur la croix comme «témoin» de ces législations conjoncturelles (et douteuses) pour obtenir une «soumission» à la légitimité «transcendante» de ces lois humaines même gouvernementales, ça s'appelle «un sacrilège».

      Ces mesures iniques votées par le gouvernement Charest, dont nombre de ses ministres se voient aujourd'hui associés à des intérêts interlopes, lors de la crise étudiante du printemps 2012 sentent le sacrilège à plein nez, car toutes ces mesures ont été décidées, discutées et votées sous le regard d'un Dieu otage. Voilà en quoi tant ce crucifix sera présent sur le mur, nous sommes encore rivés à une association tacite de l'Église et de l'État. Dans ses remarques, je considère que Jacques Parizeau prend l'idée de la séparation acquise, mais peut-être a-t-il trop fréquenté ce salon bleu pour se rendre compte des symboles suspendus au-dessus de son champ de vision.

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    2. j'aime bien ta conclusion concernant Parizeau (grand sourire aux lèvres ici)

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  5. Bonjour M.Coupal,

    Je me permet de rajouter mon grain de sel par rapport à ceci:

    ''«Protégez-nous des Québécois de souche», était-il écrit sur une de leur pancarte, une semaine plus tôt, lors d’une manifestation semblable à Québec.''

    Il existe un groupuscule néo-nazi au Québec qui s'affiche sur Facebook sous l'appellation ''La Fédération des Québécois de souche''. Donc ces trous-du-cul vomissent leur racisme infecte en notre nom à nous tous, Québécois de souche française. Ils nuisent à notre image et aussi dans nos relations avec les immigrants d'origine maghrébine. Très peu savent qui se cache derrière cette page, c'est très malheureux.

    Les individus de ce groupe, vocifèrent également sur le forum international de la White Pride World Wide, Stormfront.org - Section francophone- Québec

    www.facebook.com/Fquebecoisdesouche?fref=ts


    www.stormfront.org/forum/f203/

    Et à ma plus grande stupéfaction, le grand Réjean Pelletier soutient ce groupe. (Quand on cherche, on trouve parfois des choses très décevantes.)

    www.fss.ulaval.ca/?pid=273&n=876

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  6. Je partage vos déceptions. Le terme «québécois de souche» est apparu dans le courant des années 90, lorsque l'immigration est devenue un phénomène relativement nouveau pour un peuple replié sur lui-même pendant plus d'un siècle et que le gouvernement canadien, doublé du clergé catholique, avaient intérêts à ne pas voir s'ouvrir trop vite le Québec, l'un à l'étranger, l'autre à la modernité. Qu'un groupe de néo-nazis s'en empare n'a rien d'étonnant. Ils imitent, sans originalité, leurs équivalents français et allemands prompts à régénérer le nationalisme extrémiste. Le groupe La Fraternité Blanche commençait déjà à recruter dans les polyvalentes dans le courant des années 90. Les mauvais fruits sont donc mûrs.

    Ceci étant dit, je ne pense pas que le racisme soit une solution au racisme. À la paranoïa, l'hystérie n'est pas une réponse. Si les musulmans sont en droit de dire que nous sommes malhonnêtes lorsque nous étendons l'extrémisme, la jihad ou le terrorisme islamiste à tous les musulmans; les manifestants que j'ai vu n'étaient pas plus honnêtes lorsqu'ils étendaient à tous les Québécois dits de souche les accusations d'être racistes ou xénophobes. Je ne pense pas que ces immigrants qui manifestent dans les rues soient ceux qui ont le plus soufferts en leurs pays, soit de la part des extrémistes locaux, soit de la part de la tutelle de dictatures. Ces gens-là veulent surtout importer leurs mœurs traditionnelles comme si le Québec était une tabula rasa où ils pourraient bénéficier des avantages sans rien souscrire au métissage. C’est ce qu’il y a de plus odieux lorsqu’on voit certains imam réclamer l’équivalent de la Charia aux codes civils et criminels occidentaux du Canada et du Québec. Il y a des limites à l’accueil que nous ne pouvons pas dépasser.

    En fait, les Québécois ne réagissent pas différement des autres peuples occidentaux. Quand on nous a accusés d'antisémitisme, dans les années 30, il y avait, effectivement, des menées antisémites encouragées par des nationalistes extrémistes, ce qui a servi depuis à camoufler l'antisémitisme des Canadiens Anglais, à l'Université McGill par exemple, où on établissait des quota d'étudiants d'origines israélites. Mais c'était moins flamboyant que les cris des nationalistes paranoïaques. Il n'y a jamais eu de kristallnacht sur la rue Saint-Laurent. Notre peuple est tolérant malgré ses poussées de fièvre, et si les groupes immigrants ne cessent de poursuivre une mauvaise chicane lancée par un gouvernement maladroit et lâche, comme le montre l'activité d'un Adil Charkaoui ou encore les poursuites mesquines de Dalila Awada qui joue les séductrices médiatiques en portant un foulard et en se campant derrière ce personnage de caricatures véreuses qu'est Maître Anne-France Goldwater, androphobe reconnue, il y aura de l'huile jetée sur les braises.

    Et si M. Réjean Pelletier est si grand, il est dommage que je ne le vois pas car je ne le connais pas. Où est-ce moi qui suis trop petit?

    Je vous remercie de votre intérêt et prie de m’excuser d’avoir si tardé à vous répondre, ayant été fort occupé cette dernière semaine.

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